samedi 20 mars 2010

Assia Djebar, étudiante à l'université de Montpellier

Ces grandes femmes qui ont étudié à la fac de Montpellier : Assia Djebar

Assia Djebar et la fac à Montpellier
Qui dit faculté de médecine à Montpellier dit Lapeyronie, Rabelais, Paul Joseph Barthez ou Nostradamus. En général, on parle donc des "grands hommes" qui ont passé leurs études à Montpellier. Des "grandes femmes" par contre, on en parle beaucoup moins souvent.

Cependant, l'entrée de Simone Veil à l'académie française - en tant que sixième femme à vivre cet honneur - fait réfléchir. Et, en effet, parmi les cinq "consoeurs" de Simone Veil, on tombe effectivement sur une qui a fait ses études à Montpellier.

Dans son discours de réception à l'académie, Assia Djebar a bien montré ses sentiments pour François Rabelais. Qui pourrait ne pas être fière d'avoir fréquenté la même université que cet homme, probablement fait la fête avec les autres étudiants sur la même place, celle qui, entre-temps, est devenue la place Jean Jaurès ?

"...j'imagine qu'en ce moment, au dessus de nos têtes, François Rabelais dialogue dans l'Empyrée avec Avicenne, tandis que je souris, ici, au Doyen Vedel auquel grâce à vous, aujourd'hui, je succède", Assia Djebar a-t-elle dit lors de sa réception à l'académie française.

Mais ce n'est pas seulement François Rabelais qui la lie à Montpellier : c'est ici où elle a passé une partie importante de sa jeunesse, et c'est ici où elle a réussi - comme Lapeyronie ou Nostradamus - à décrocher son titre de médecin.

Femmes maghrébines, Assia DjebarToutefois, la médecine n'était pas sa vraie vocation. Assia Djebar est là pour aider à améliorer le sort des femmes en général, celui des femmes maghrébines en particulier. Elle montre l'exemple - une femme, peu importe ses origines, peut suivre son chemin, sous condition qu'elle le veut - et elle écrit. Elle écrit sur les femmes, pour les femmes et, surtout, pour l'idée d'être femme.

Assia Djebar est ce qu'on peut appeler une pionnière. Déjà, elle fait partie du petit nombre des femmes qui occupent un des quarante sièges à l'académie française. Mais elle est carrément la première femme maghrébine qui est reconnue par les académiciens et accueillie dans le cercle restreint de ceux pour qui, selon Jacques Chirac, "notre langue demeure symbole de liberté et de fraternité."

L'idée d'être la "première" à tenter quelque chose ne lui a jamais fait peur. Déjà en 1955, elle était la "première" - la première Algérienne qui arrive à être acceptée à l'école normale supérieure de Sèvre. C'est ici où elle se prépare aux études de médecine à Montpellier. Et l'esprit pionnier continu : l'indépendance d'Algérie est à peine déclarée que Assia Djebar s'inscrit déjà à l'université d'Alger où, finalement, elle enseignera l'histoire et, plus tard, la littérature française. La littérature française - Assia Djebar a trouvé son chemin.

La même année où elle entre dans l'école normale supérieure - elle à 19 ans - elle publie son premier roman, "La Soif", et la presse l'appelle une deuxième Françoise Sagan. - Plus tard, les succès se précipitent. La petite fille d'un village balnéaire en Algérie, Fatima-Zohra Imalyène de son vrai nom, réalise des films, reçoit le "Prix de la Critique" à la "Biennale de Venise", le "prix de la Paix des éditeurs allemands", et on la propose pour le Prix Nobel.

Elle est amoureuse de la langue française, elle sait écrire. Mais le plus important reste ce qu'on dit d'elle au moment de la remise du prix de la Paix : s'engager "en faveur des femmes des sociétés musulmanes". Dans "Femmes d'Alger dans leur appartement", par exemple, elle suit les traces de Delacroix qui, en 1832, jette un regard secret sur les Algériennes. Plus d'un siècle plus tard, après la guerre d'indépendance, Assia Djebar complète les observations de son confrère avec les siennes : de nouveau, un livre sur le quotidien, sur la liberté - ou le manque de liberté - et sur les idées des femmes magrébines est éditée.

Dans son cycle "Le Quatuor d'Alger", par contre, Assia Djebar parle de l'histoire de son pays et des amours de ses femmes. Elle présente le village du Sahel où elle a passé son enfance et de ses habitantes : de leurs rêves, de leurs tristesses et de leurs amours...
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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