mercredi 14 avril 2010

La vie à Montpellier : culture, Méditerranée et amitié

La vie est-elle belle à Montpellier ? Micro-trottoir au jardin des plantes et à la Place de la Canourgue

Montpellier et son jardin des plantes"En Espagne", répond la première Montpelliéraine à la question où elle aimerait vivre, si elle avait le choix - et cette réponse a tout pour choquer. Car il n'y a que quelques jours, France Soir et Ipsos ont publié un sondage dont la ville de Montpellier est sortie première avec un total de 43 pour cent des voix : selon les interrogés, la vie à Montpellier serait plus agréable qu'ailleurs en France. Mais il n'y a pas que les gens du nord qui auraient voté pour Montpellier - parmi les habitants de la région, 60 pour cent sont persuadés que nulle part on ne vivrait si bien qu'à Montpellier.

"Oui, j'aime bien Montpellier", assure la dame dans la quarantaine qui sort juste d'une promenade dans le jardin des plantes. "Mais mon rêve, c'est l'Espagne. Je suis née ici, à Montpellier, mais mon père est de Malaga. J'y ai beaucoup de cousins et cousines - et un jour j'irai peut-être vivre là-bas."

Que pensent les autres Montpelliérains de la vie à Montpellier ? Un homme dans la soixantaine, installé sur un banc au jardin des plantes, accueille la question avec un grand sourire. "Où pourrait-on vivre mieux ? Regardez autour de vous." Sa main décrit un grand cercle. "Connaissez-vous un endroit plus joli ? On a le soleil, la nature, le calme... Et à peine dix minutes d'ici grouille la vie. Qu'est-ce que vous voulez de plus ?"

Montpellier, Place de la CanourgueIl confie aux Gens de Montpellier qu'il est né à Montpellier, mais qu'il est parti après le bac. "Faire des études ailleurs, voir le monde... j'ai travaillé à Paris, à Bruxelles, au Maroc... Finalement, je suis rentré. Et aujourd'hui, je me demande si jamais j'avais dû partir."

Les deux étudiantes qui se promènent près des bambous du jardin des plantes ont un point de vue moins philosophe. Elles sont anglaises et séjournent à Montpellier pendant quelques mois pour apprendre le français. "Montpellier est géniale", déclare l'une. "On fait la fête tout le temps. On a beaucoup d'amis à la fac, et on sort beaucoup." - "Et les week-ends", ajoute l'autre, "on va en randonnée. Les environs de Montpellier sont merveilleux."

De toute manière, "faire la fête" ne les a pas empêchées d'apprendre le français. "On parle français avec les copains, ça aide. On est une bande internationale, et le français est la langue que nous avons tous en commun."

Jardin fleurie : le jardin des plantes"International" est un mot qui caractérise bien la vie dans les rues de Montpellier. "Quand on passe dans la rue de la Loge, on a l'impression de faire un cours de langue. Mais de toutes les langues à la fois", dit un jeune homme. "Et ça, vous ne le trouvez qu'à Montpellier." Sa copine lui donne raison : "Oui, c'est formidable, toutes les nations qu'on rencontre ici. Je veux dire... on peut apprendre beaucoup de ces gens. Moi je ne voudrait jamais vivre dans une ville qui n'est pas internationale." Toutefois, il y a un petit désavantage : "Ce qui est triste, c'est qu'on lie amitié avec des gens et après, il partent après quelques mois. Et nous on reste ici, et ils nous manquent."

Ville internationale, ville d'amitié... "Il est très facile de se faire des amis ici. Les gens sont si ouverts", commente une dame dans la cinquantaine. "J'ai passé ma vie à Paris. Mais j'ai divorcé il y a deux ans, et je voulais tout recommencer. C'est comme ça que je suis venu à Montpellier. Et je ne l'ai pas regretté : après deux ans, je me trouve avec plein d'amis, je fais partie d'un choral, je fréquente des conférences - il y a toujours quelque chose à faire. À Montpellier, on n'a pas besoin de se sentir seule."

Mais il n'y a pas tout le monde qui est de cet avis. "Si j'apprécie la vie à Montpellier ?" répète un Monsieur dans la soixantaine. "Je ne sais pas - la vie à Montpellier est comme ailleurs. Si on est seul, elle est toujours triste. Ce faire des amis ? Comment, s'il vous plaît ? Tout le monde ne pense qu'à soi-même. Si vous n'avez pas de famille, personne ne s'intéresse à vous. Ici comme ailleurs."

Ou : "Non, j'aime pas les Montpelliérains. Ils sont trop superficiels. Ils ne pensent qu'à faire la fête, mais il n'y a rien de profond chez eux. Mais au moins", la dame dans la quarantaine soupire, "on peut dire qu'il y a le soleil, parfois."

Les cafés de la place de Canourgue sont plus ou moins remplis, malgré l'heure matinale. Il y a des gens de l'âge de retraité qui prennent leur café et lisent le journal, des étudiants dont la table est remplie de papiers, des touristes... "Oui, on aime beaucoup Montpellier", explique une dame d'une trentaine d'années, visiblement une touriste qui écrit juste des cartes postales. "On vient de Nantes. Au début, on est venu pour notre fille qui a fait ses études ici. C'est comme ça qu'on a découvert Montpellier. Mais entre-temps, elle travaille à Paris, et on vient quand même. La ville est belle, la mer est proche, et il fait beau. Et on aime votre musée Fabre. Déjà le musée vaut la peine de passer ses vacances à Montpellier."

Et le Monsieur plus âgé qui lit son journal à la table voisine ? - "Montpellier ? Oui, j'aime bien ici. Personne pour vous emmerder, les gens s'occupent de leurs affaires, ils sont tranquilles. Et la ville est toujours vivante, pas comme dans certaines villes plus au nord où tout est mort à partir de 19 heures." - Profite-t-il de l'offre culturelle de Montpellier ? Il sourit. - "Oh oui, on peut dire ça. Je vais souvent au concert, au Corum, et j'aime l'opéra. Bientôt, il y aura le festival de Radio France, et j'y irai tous les jours."

Un jeune homme qui, au même café, travaille sur un ordinateur résume un peu l'opinion de presque tous les interrogés : "Concernant Montpellier, on ne peut pas dire que c'est ceci ou cela. Il y a tout à Montpellier. La ville a beaucoup de facettes. Je suis sûr qu'il y a des gens qui ne s'y sentent pas bien. Et d'autres qui ne veulent pas vivre ailleurs. C'est une ville très culturelle, certes, mais il y a aussi d'autres villes culturelles. Il y a la Méditerranée, mais la Méditerranée est aussi à Marseille, Nice ou Perpignan. Mais il y a autre chose à Montpellier, quelque chose que je ne sais pas définir. Quelque chose qui distingue Montpellier de toute autre ville. Et qui fait que je me sens bien ici."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

1 commentaire:

  1. Beaucoup d'auto satisfaction. Cela me fait penser à la chanson de Brassens : les imbéciles heureux qui sont nés quelque part.

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