Les gares de Montpellier dans la discussion : les pour et les contre
Les
Montpelliérains sont rarement d’accord - heureusement, car c’est la multitude des
opinions qui entretient le mouvement et rend la vie dans une ville intéressante.
Mais en ce qui concerne la nouvelle gare TVG de Montpellier, il y a plus ou
moins conformité d’avis : presque tous les Montpelliérains la jugent superflue…
Toutefois,
personne ne nie qu’elle implique beaucoup d’avantages pour la ville. Déjà, elle
amènera à Montpellier encore plus de trains à grande vitesse, ce qui sera un
plus pour l’industrie et le tourisme. Montpellier pourrait accueillir encore
plus de congrès - la ville figurera parmi les plus accessibles en France. Le
temps du trajet Paris-Montpellier, par exemple, sera réduit à trois heures.
Pour
favoriser encore plus la vie économique à Montpellier, on prévoit même un
véritable pôle d’affaires autour de la gare, avec lien direct vers l’autoroute,
un bus vers l’aéroport et deux trams - la ligne 1 qui sera prolongée et la
ligne 3 - qui amèneront les voyageurs en ville. Bref, celui qui arrive à
Montpellier ne sera plus immédiatement en ville - comme c’était toujours le cas
- mais il pourra tranquillement prendre le tram…
Toutefois,
peut-être le voyageur n’aura-t-il même pas envie de se déplacer jusqu’au centre
de Montpellier. Car autour de la gare, il trouvera tout ce dont il aura besoin :
des appartements qui d’ici-là seront construits, des commerces, des entreprises
et, comble de tout, deux cents hectares d’espace nature qui, lui aussi, sera à
construire…
Mais
ce n’est pas tout : la nouvelle gare aura assez de parkings pour que les
voyageurs puissent y laisser leurs voitures, et elle sera même desservie par des
voies cyclables. Bref, elle sera plus accessible que jamais une gare à
Montpellier.
On
ne circulera pas uniquement à l’extérieur de la gare, mais aussi à l’intérieur :
les huit voies destinées aux trains grande vitesse seront placées dans un
espace de dix mille mètres carrés. Et le commerce ne sera pas oublié non plus : à lui, les décideurs ont réservés mille cinq cents mètres carrés - le voyageur
aura de quoi acheter.
Les
Montpelliérains pourraient donc être contents - pense la Municipalité.
Toutefois, il y a mêmes des élus qui ne sont pas d’accord : les
écologistes rappellent gentiment que la gare sera placée en zone inondable.
« Ce que je pense de la nouvelle gare ? », répète
une dame dans la quarantaine la question de Montpellier Presse Online. « Je
ne l’aime pas, tout simplement. Elle a l’air pompeux, en été on étouffe sous la
coupole en verre, et elle n’est pas agréable. J’aimais bien l’ancienne gare, il faisait
partie de Montpellier. »
La dame parle de la nouvelle gare au centre de Montpellier. Et la
toute nouvelle gare planifiée près de l’Odysseum ? En est-elle au courant ?
« Bien sûr. Encore un projet de prestige qui ne sert à personne, mais qui
coûte notre argent. »
Un Monsieur dans la trentaine parle également de l’argent pour
payer la construction de la nouvelle gare TGV. « J’ai lu qu’elle coûtera
350 millions d’euros », explique-t-il. « Imaginez ce que ça signifie.
Une somme qui, pour nous, est totalement virtuelle. Qu’est-ce qu’on ne pourrait
pas faire pour les Montpelliérains, avec tout cet argent. Mais non, il faut qu’on
la mette dans une nouvelle gare qui ne servira qu’à enrichir les riches. »
Un autre Monsieur, beaucoup plus âgé que le précédent, pense plutôt
à sa commodité. « Je vais souvent à Paris, pour mon travail »,
raconte-t-il, « et je prends le TGV. Parfois, je pars très tôt et j’ai
besoin de prendre le premier tram pour le capter. Ou je rends très tard le
soir. Si je suis obligé d’aller jusqu’à l’Odysseum pour le prendre, j'ai besoin d'un taxi, le matin. Parce que le voyage en tram sera plus long pour moi,
et le premier tram partira trop tard. Mais mon employeur ne me payera pas de
taxi, c’est pas son problème. Je dois payer, moi. Monsieur le Maire ne me
remboursera pas non plus, la ville est là pour encaisser », il commence à
se mettre en colère, « pas pour rembourser les victimes de sa politique.
Pourquoi on ne laisse pas la gare au centre-ville ? C’est plus commode
pour tout le monde et plus logique. »
En autre Monsieur évoque également ses voyages professionnels à
Paris qui, pour lui aussi, seraient moins commodes. « Heureusement je
serai bientôt en retraite, j’aurai pas besoin d’utiliser la nouvelle gare. »
Et il ajoute : « Montpellier n’est plus ce qu’il était. »
Cette notion nostalgique revient dans plusieurs réponses. « Les
nouvelles gares sont certainement bien pour l’économie », avoue une dame
dans la trentaine, « mais j’ai bien aimé l’ancienne. » Ou une dame
une dizaine d’années plus âgée qu’elle : « On ne reconnaît plus le
centre-ville. L’ancienne gare nous servait bien, la terrasse du ‘Lezard’ était
agréable. On n’a pas eu besoin d’une nouvelle gare et on n’a pas non plus
besoin de deux gares. »
Un Monsieur dans la cinquantaine, en revanche, est contre la
nostalgie. « La ville de Montpellier s’est développée est se développera
encore plus. Que veulent les gens ? Un petit bled dans le Sud où personne
ne trouve du travail ? Une ville de retraités ? Si ils veulent que
Montpellier soit une ville avec avenir, postes de travail, moderne et
internationale, il faut accepter qu’elle grandisse. Et les nouvelles gares la
lancent dans cette direction. On ne peut pas grandir avec une petite gare qui
date encore de… », il hésite ne connaissant pas la date, mais il se
rattrape rapidement, « d’une époque où Montpellier n’était qu’un village. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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