Montpellier : agressions contre les chauffeurs des trams et bus
Les
Montpelliérains ont l’habitude - si les chauffeurs des trams ou des bus (ou des
deux) veulent faire la grève, ils ne pensent pas aux usagers. « Ils
veulent qu’on soit solidaire avec eux », critique un jeune homme, « mais
ils ne sont jamais solidaires avec nous. Ils ne demandent pas, si on a
rendez-vous quelque part, peut-être un rendez-vous important, par exemple pour
travailler ou rendre visite à un malade. Le voyageur ne les intéresse pas -
nous, on est juste là pour payer. »
Cela
fait longtemps que les Montpelliérains ne sont pas d’accord sur le sujet des grèves du TaM -
les uns sont solidaires, les autres revendiquent au moins le droit d’être
informés voire consultés. Or, lorsqu’on parle de la grève des transports publics,
le plus souvent il est question d’argent : les usagers s’interrogent si, vu
le salaire des conducteurs du tram, il est vraiment nécessaire de subir une
grève pour qu’ils soient encore mieux payés. « Quoi que ce soit »,
commente un Monsieur, prononçant l’opinion de beaucoup de ses concitoyens, « nous
sommes toujours perdants. S’ils font la grève, nous pouvons pas nous déplacer,
même si nous avons payé un abonnement. On n’est jamais remboursé. S’ils réussissent
leur grève, ils gagnent plus et nous, on paie plus cher pour le voyage. »
Toutefois,
les grèves ne tournent pas toujours autour de l’argent. De plus en plus
souvent, elles sont causées par l’indignation des conducteurs dont les
collègues ont subi des agressions. Les Montpelliérains sont-ils solidaires avec
les conducteurs s’ils font la grève contre l’insécurité ? - Certaines
réponses à la question posée par l’équipe de Montpellier Presse Online ont
tout pour étonner…
« S’ils
sont agressés, c’est leur propre faute », insiste par exemple une dame
dans la cinquantaine. « Les conducteurs et les contrôleurs pensent que
tout est permis. Ils ne respectent pas les usagers. Ils ne comprennent pas que
leur salaire est payé avec nos sous à nous. »
Leur
propre faute ? « Oui », confirme une autre dame, d’une dizaine d’années
plus jeune que la précédente. « Il y a bien sûr des conducteurs gentils
qui essaient d’aider les gens. Mais beaucoup ne sont que des je-m’en-foutistes,
et quelques-uns sont même méchants. » Elle raconte un exemple de ce qu’elle
appelle la méchanceté des conducteurs. « L’autre jour, j’ai couru pour attraper
le tram. En fait, on était deux, une dame âgée et moi-même. J’étais devant la porte
du tram, le bouton d’entrée a encore clignoté. Je lève la main pour appuyer, il
clignote toujours - et au moment où j’appuie, il s’arrête. Et le tram part
devant mon nez, et devant le nez de l’autre dame. Si le tram était automatique,
je ne dirais rien. Mais le conducteur nous a forcément vues dans ses miroirs.
Je pense qu’il s’est fait un plaisir malin à nous laisser sur le quai. »
Une
autre dame raconte des expériences similaires. « J’observe souvent que des
gens se dépêchent pour attraper un tram. Le conducteur attend qu’ils s’approchent
et, boum, il ferme les portes quand ils pensent déjà d’avoir réussi. Ce n’est
pas un problème d’horaires - ils ont toujours la possibilité d’attendre deux
secondes de plus. »
Un
jeune homme raconte une histoire plus concrète : « Je prends le
fleuri direction Jacou et je change à Nouveau Sain Roch pour prendre la ligne
4. Souvent, quand le fleuri arrive, le 4 arrive juste ou est déjà sur le quai.
Quelques conducteurs ont la gentillesse d’attendre que les gens puissent
traverser les rails pour l’attraper. Mais la plupart les laisse approcher pour,
ensuite, filer sans leur permettre de monter. »
La
liste des plaintes concernant des conducteurs de tram ou de bus qui ne laissent
pas monter les arrivants de dernière seconde est longue. Un Monsieur qui a fait
d’observations similaires en tire une autre conclusion. « Je ne crois pas
qu’ils ferment les portes pour nuire aux gens. Ils s’en fichent, tout
simplement. Je me tiens souvent derrière la vitre qui sépare les conducteurs
des usagers, pour les observer : je me rends compte qu’ils ne regardent
pas toujours leurs instruments. Parfois, ils regardent par la fenêtre ou
consultent des papiers… j’étais terrifié quand j’ai vu ça, en pleine vitesse. Une
fois, j’ai même observé un conducteur qui, pendant plusieurs minutes, a parlé
avec un contrôleur qui se tenait derrière lui - et tout le temps, il s’est
retourné pour parler avec lui. En conduisant. »
Est-ce
de tels comportements qui mettent des usagers en colère, au point d’agresser
les conducteurs ? - « Possible », répond une dame dans la
trentaine. « Si on est déjà bien frustré et, après, on a l’impression qu’un
conducteur de tram se moque de nous, on peut, à la limite, devenir agressif. Je
ne veux pas dire », ajoute-t-elle, « que je suis pour les agressions.
Au contraire. Mais il m’arrive à comprendre la colère des gens. »
« Les
conducteurs, ça va », dit par contre un Monsieur dans la quarantaine. Les
contrôleurs, c’est pire. Ils entrent dans le tram, souvent la nuit, quand il
fait froid, laissent les portes ouvertes et bloquent le tram. Nous on a envie
de rentrer, on a froid. Ils se jettent sur les jeunes comme si c’était des
criminels. Après, ça devient vraiment des criminels, après été traités comme
ça. »
Une
dame, un peu plus jeune, se fâche carrément : « Un jour, une
contrôleuse qui mâchaient du chewing gum, le chemisier à moitié dedans à moitié
dehors, la coiffure défaite, a encaissé une amende d’un jeune Maghrébin parce
que son ticket était froissé. » Elle hausse la tête et ajoute, l’air
furieuse : « Salope de raciste. »
Mais
une telle expérience n’est évidemment pas vécue tous les jours. D’autres
personnes sont pour les contrôleurs. « Si on n’a pas d’argent », explique
par exemple une dame dans la cinquantaine, « on peut demander un
abonnement pour RMIstes. Ils n’ont pas besoin d’arnaquer la TaM. »
D’autres
haussent les épaules. « De toute manière, les trams sont trop chers »,
se plaint un Monsieur. La TaM gagne des Millions a l’étranger, mais elle ne
partage pas avec nous. Le maire promet la baisse des tarifs, mais le prix des
abonnements a augmenté… Est-ce logique ? »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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