Les Montpelliérains ont peur - pour leurs smartphones
L’époque
a changé, nous sommes au milieu de ce qu’on appelle la « crise », les
gens sont de plus en plus submergés par le désespoir, la presse en parle, la
peur augmente. Beaucoup de temps s’est écoulé - et beaucoup d’événements sont
survenus - depuis que l’équipe de Montpellier Presse Online a demandé
aux Montpelliérains, s’il faut avoir peur dans les rues de Montpellier.
Il est temps, alors, de reposer la question.
« Si
j’ai peur dans les rues de Montpellier ? », reprend une dame dans la
quarantaine la question de Montpellier Presse Online. « Non, je n’ai pas
vraiment peur, je crois que Montpellier est une ville relativement sûre,
comparée à d’autres. Mais il faut faire attention, ne rien risquer. »
Qu’est-ce
qu’on risque à Montpellier si on ne fait pas attention ? « D’être
volé », répond une jeune dame. « Si on ne fait pas attention, ils
arrachent tout ce qu’on a dans la main, le portable, le sac à main… »
La
jeune n’est pas la seule à avoir peur pour son téléphone portable. « L’autre jour
j’ai attendu le tram à la station rondelet, vers 13 heures, c’est-à-dire en
plein jour, entourée d’au moins 10 ou 15 personnes », raconte une dame
d’environ cinquante ans. « Je me sentais en sécurité pour consulter les
mails sur mon smart-phone. » Mais avant que quiconque puisse réagir, un
jeune homme se plante devant elle, lui arrache son téléphone et s’enfuit.
« Le tout a duré une demi-seconde, pas plus. Les gens autour de moi sont
restés bouche bée. »
Un
professionnel ? « Probablement », commente la dame. Et plusieurs
personnes interrogées par Montpellier Presse Online sont du même avis. «
Non », commente un Monsieur qui, selon ce qu’il dit, vit à Montpellier
« depuis toujours ». « Non », répète-t-il, « Montpellier
n’est pas une ville dangereuse proprement dit. Mais il y a tant de jeunes
maintenant qui n’ont pas de travail et ne savent pas quoi faire de leur temps.
Ils font des bêtises, volent et importunent les gens. Ils ont une agressivité
profonde qui se décharge contre tout et tous dès que l’occasion se
présente. »
« Mais »,
continue-t-il, « il y a aussi des professionnels parmi eux. Je pense même
qu’ils ont un véritable cercle de formation, chacun donne ses tuyaux à l’autre,
et chacun peut se perfectionner. Contre eux, personne n’a une chance. Mais ils ne
ciblent que des gains matériaux. Ils veulent ce qui leur apportent de l’argent,
pas blesser les gens. Si quelqu’un est blessé par eux, c’est accidentel. »
Encore
un point sur lequel la plupart des Montpelliérains interrogés sont d’accord. «
Je n’ai pas peur d’être blessée dans les rues de Montpellier », déclare
par exemple une dame dans la quarantaine, « mais j’ai peur pour les choses
que je porte avec moi. Quand je sors le soir, j’évite d’avoir des objets de
valeur avec moi. Le mieux est sortir même sans sac. Cela évite le vol. »
Un
jeune homme partage son avis. « Ils veulent du fric. Ils ne violent pas de
petites filles et ils ne frappent pas les mémés. »
Qui
sont les « ils » que tout le monde semble connaître, mais qui
personne ne nomme ? « Des Maghrébins », répond une femme dans la
soixantaine et « des Arabes » renforce un Monsieur de quelque
cinquante ans. Et ils ne sont pas les seuls à rejeter toutes les fautes sur
ces jeunes nés en France, mais dont la peau mate révèle qu’ils ne sont pas nés de parents normands. « J'ai horreur d'eux, c'est tous des criminels » et « qu'ils rentrent chez eux », sont d'autres voies de ce genre.
« Toutes
les nations ont besoin d’une brebis galeuse », philosophe un jeune homme
qui fait partie de ceux « dont la seule existence évoque déjà tous les
maux du monde ». « Pour les uns, ce sont les juifs, pour les autres
les noirs ou les blancs. Ici, c’est nous, les jeunes Maghrébins. C’est ça
la vie. Elle frappe toujours quelqu’un. On est toujours coupables, peu importe si on a fait quelque chose ou
non. »
Un
Monsieur (d’origine parisienne) dit plus ou moins la même chose : « On
montre à ces jeunes dès leur enfance qu’on se méfie d’eux. Force d’être
soupçonnés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis, ils se disent que c’est
pareil : ils sont déclarés coupables de toute manière. Autant en profiter
pour de bon. »
Mais
le terme « Maghrébin » ou « Arabe » n’est pas dans la
bouche de tous les interrogés. Une dame dans la soixantaine déclare que « c’est
des bêtises. C’est des jeunes, oui, mais des Français, des Espagnoles, des
Maghrébin, tous des gens nés en France, des copains qui ne croient plus à rien.
Alors ils volent, indépendamment de leurs origines. »
Une
Lycéenne de 16 ans fait le point. « Il n’y a pas 36 solutions. Il suffit
que ceux qui ont le pouvoir partagent un petit peu de leurs millions avec le
peuple, et ils peuvent créer un avenir pour tous les jeunes. C’est facile, mais
ils n’en ont pas envie.
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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