Une nouvelle ligne de tram : frais déraisonnables ou la liberté pour Montpellier et son Agglo
Jusqu’à maintenant, lorsque la mairie a planifié la construction d’une
nouvelle ligne de tram, toute discussion était exclue dès le début. Fidèle au
style de George Frêche, la mairie a commandé - souvent pour le bien des
Montpelliérains, parfois pour celui des visiteurs et de la réputation de la
ville de Montpellier. Mais peu importe si la nouvelle idée plaisait aux
Montpelliérains ou non : toute décision restait dans la main de la
municipalité.
Toutefois, les temps ont changé. Maintenant, on discute. » Oui
à la ligne 5 » était la décision officielle à l’époque qui, bien qu’il fût
décidé, vivait encore sous l’influence de l’ancien maire et président de l’agglomération.
Puis, certains disaient non, évoquant la destruction d’une partie du parc Montcalm.
Non à la ligne 5 a, un peu plus tard, répondu Philippe Sorel, le nouveau maire
de Montpellier, croyant calmer les écologistes amateurs du parc Montcalm.
Mais l’affaire n’est pas close. Entre-temps, un nouveau lobby se
fait remarquer : les gens de Montpellier, proclame-t-il, ont besoin d’un
réseau de tram plus dense. Trop de gens habitant les secteurs de Lavérune et
Ovalie d’un côté et Clapiers et Prades-le-Lez d’un autre seraient perdus sans
la ligne 5 qui leur permettrait enfin de se sentir intégrés à Montpellier. Oublié
les pensées vertes concernant le parc Montcalm, oublié la résistance contre les
plans de Georges Frêche… De nouveau, les Montpelliérains ne sont pas d’accord
entre eux.
Pour ou contre la ligne 5, les Montpelliérains savent de toute
manière de quoi il s’agit. Très peu des personnes interrogées à ce sujet par l’équipe
de Montpellier Presse Online ne savaient pas de quoi il était question. Mais
certains ne s’interrogent pas encore sur sens ou non-sens d’une nouvelle ligne
de tram : ils pensent d’abord à leur construction.
« La ligne 5 ? », s’écrie une dame dans la
quarantaine. « Surtout pas ! Quelle chance que Sorel l’a abandonné. Quelle
horreur. J’ai pas oublié les embouteillages éternels de la construction des
deux dernières lignes. Jamais plus un tel chaos. Non, je veux pas de tram,
je veux une ville sans chantiers. »
« Sorel a raison », explique une autre dame, un peu plus
jeune que la précédente. « La construction des trams est trop chère.
Montpellier a quatre trams, on est correctement asservi. Pour les quelques
endroits sans tram, il y a les bus. Et, tout compte fait, mes concitoyens
prennent ni bus ni tram, mais leurs voitures. Il suffit de regarder les bouchons
pour le savoir. »
Il est vrai, aux heures de pointe, Montpellier est rempli de
voitures. Toutefois, il y a aussi des gens qui dépendent des trams - ou qui les
préfèrent au transport individuel. « Mon fils habite Lavérune », dit
par exemple une dame dans la soixantaine. « Si je veux voir mes
petits-enfants, mon fils doit les amener en voiture. Je ne peux pas aller les
voir, je ne conduis pas. S’il y avait un tram, je serais libre de les voir
quand je veux. »
Le tram est-ce la liberté ? - Pour certains, oui. « J’ai
une voiture comme tout le monde », proclame un Monsieur dans la
quarantaine. « Mais tant que je suis à Montpellier, je la laisse au
garage. Je suis plus tranquille dans le tram, pas de bouchons, pas de retard au
travail. En route, je lis mon journal et j’arrive sans me stresser. »
On a toutefois tendance à oublier les bus. « Il n’y a pas d’endroit
à Montpellier qui n’est pas desservi par le transport commun », informe un
contrôleur de la Tam. « S’il n’y a pas de tram, il y a un bus. »
Le jeune homme interrogé par Montpellier Presse Online ne le nie
pas. « Mais les bus ne servent pas à grand-chose », explique-t-il,
fort de l’expérience de ses 17 ans qu’il a passé « avec la misère de
quelqu’un qui doit prendre le bus tous les jours. Et même le dimanche, si je
veux sortir. » Car dans son quartier, il n’y a rien qui pourrait fasciner
un jeune de son âge : « Pas de bars, pas de discos, pas de cinéma.
Pour sortir, il y a Montpellier. »
Où est le problème ? « Le dernier bus rentre à 20 heures.
Après, plus rien. Si on n’a pas de copain avec voiture, on ne rentre plus.
Puis, ils sont souvent en grève. Ou on se présente à la station, et le bus est
parti cinq minutes avant l’heure. Les chauffeurs font ce qu’ils veulent. Et ne
parlons même pas du dimanche, où il y a un bus toutes les demi-heures ou,
souvent, juste une fois par heure. »
Même les hommes politiques ne sont pas d’accord entre eux. Tandis
que Philippe Sorel parle toujours des frais trop élevés, Jean-Louis Roumégas, le
député vert, pense à ceux à qui une ligne 5 apporterait la liberté. Sur sa page
FaceBook, il rappelle que les communes de l’Agglo et certains quartiers de
Montpellier l’attendent, et qu’elle serait « indispensable à un maillage
complet du territoire. »
En attendant, la question du parc Montcalm reste ouverte.
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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