Une association ou petite entreprise qui a besoin d'une salle pour fonctionner - peut-elle survivre à Montpellier ?
Bien
sûr, il suffit de se brancher sur Internet pour trouver un grand choix de locations de salles à Montpellier. En général, les hôtels et autres lieux
professionnels demandent à partir de 2500 euros par jour. « Cela veut dire
que toute réunion est exclue », explique la représentante d’une
association culturelle. « Nous pouvons pas nous réunir dans la rue - même
s’il fait beau à Montpellier », ajoute-t-elle avec un sourire triste. « Sans
salle, pas de réunion, pas de travail associatif. »
Toutefois,
il y a un assez grand nombre d’associations qui disposent de leurs propres salles
- financées en tant que subvention par la ville de Montpellier. Mais les membres
de ces associations sont-ils contents ?
« Nous
avons vraiment de la chance », dit par exemple le membre d’une association
qui travaille pour l’amitié entre les peuples. « La mairie nous a donné
une salle dans L’Espace Jacques 1er d’Aragon : plus belle
subvention n’est pas possible. La salle est magnifique. »
Un
membre d’une association de théâtre n’est pas aussi content. Il trouve que son
association n’aurait pas la reconnaissance qu’elle mérite. « Pendant une
année, la municipalité nous a offert une très jolie salle où on pouvait se
rencontrer une fois par semaine. Elle était bien située, aussi pour ceux qui
viennent en tram, elle était grande et agréable. Mais l’année suivante, sans
argument, on nous a retiré la salle, c’est-à-dire échangé contre une autre.
Cette autre salle nous a coûté beaucoup de membres : elle est petite, mal
placée et désagréable. On pourrait penser que la municipalité aurait quelque
chose contre notre association. »
Le
président d’une association humanitaire n’est pas trop content non plus. Mais
il comprend. « Nous disposons d’une petite salle au rez-de-chaussée d’une
vieille maison. Quand on en sort, on est directement dans la rue, et il faut
faire attention à ne pas se faire écraser par une voiture. Les réunions sont
souvent dérangées par des gens qui entrent - par curiosité ou parce
qu’ils veulent parler ou juste déranger. Puis, la salle est largement
trop petite. On essaie de se serrer, mais c’est limite… D’un autre côté, je
comprends la mairie. On n’est pas une association importante, on n’ajoute rien
à la beauté ou à la richesse de la ville. On est juste là pour aider certaines
personnes - et ce ne sont pas des personnes bien vues dans la société. Comme
ça, on se considère heureux d’avoir le droit à utiliser cette salle. »
Est-ce
la chance qui offre à certaines associations de « salles magnifiques »
et à d’autres des salles moins agréables ou, même, pas de salle du tout ? Montpellier
Presse Online a interrogé des membres de diverses associations.
« Cela
dépend certainement des activités de l’association », réfléchit un membre
d’une association écologique. « Nous, par exemple, on dérange. Donc on n’a
ni salle ni subvention. » - « Je pense », le membre d’une
association qui incite les enfants à lire prend la parole, « que le nombre
des manifestations compte aussi. Une association qui organise régulièrement des
manifestations a probablement plus de chances qu’une autre. » - « Et
n’oublions pas », fait remarquer la représentante d'une association qui
défend les droits des femmes, « le nombre de membres. Je pense que la
municipalité préfère offre une salle aux associations avec plusieurs centaines
de membres qu’à celles qui ne comptent que dix ou quinze personnes. »
Toujours
est-il qu’une association peut se considérer comme chanceuse lorsqu’elle n’a
pas besoin de payer pour une salle. Un jeune entrepreneur qui organise des
stages se plaint du prix des locaux municipaux. « Je ne parle évidemment
pas de salles si prestigieuses comme la salle des rencontres de l’ancien Hôtel
de Ville qui coûte 2700 euros. Ou du centre Rabelais - que, personnellement, je
trouve encore plus beau que la salle des rencontres - pour qui la Mairie
demande 1300 euros. Il y a des salles qui sont moins chères : par exemple
la salle Pétrarque avec ‘seulement’ 600 euros de location, la jolie petite
salle de Belvédère avec 300 euros ou la salle Guillaume de Nogaret avec 310
euros. Mais pour gagner 300 euros, il me faut beaucoup de clients. Je ne suis
que débutant. Et avec ses prix », finit-il avec une voix presque
désespérée, « je resterai débutant pour toujours. »
La
municipalité devrait-elle offrir des salles non seulement à des associations,
mais aussi aux jeunes entrepreneurs qui en ont besoin pour se bâtir une existence ?
- Un Monsieur dans la cinquantaine, membre d’une association linguistique
reconnue depuis longtemps, ne connaît pas non plus la réponse : « Dans
les temps qui courent, les institutions de l’état - mairies, préfectures etc. -
devraient aider tout le monde qui a le courage d’entreprendre quelque chose.
Association ou entreprise, pour moi c’est pareil. Mais comment décider qui ‘vaut’
d’être aidé ou non ? Comment définir les critères ? Qui se sentirait
capable de trancher ? Si j’étais maire, j’aiderais tout le monde. Mais
comme le maire actuel - et tous les maires - je n’aurais pas les moyens
suffisants. Je ne connais donc pas de solution. Il y a toujours des gens
valables qui pourraient monter une association ou une entreprise qui ferait du
bien à la ville, mais qui ne peuvent pas le faire parce que les décideurs ne
comprennent pas leur valeur. C’est la vie. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire