Que les Montpelliérains pensent-ils de la police et la police municipale ?
Les
statistiques sont claires : l’agression contre les forces de l’ordre
augmente de plus en plus. Les gendarmes sont encore un peu « mieux vus »
que les policiers, mais si on croit les chiffres, les Français considèrent les
agents de l’état plutôt comme ennemis que comme amis.
Ainsi,
déjà en 2013, par rapport à l’année précédente, le nombre des agressions verbales
contre les forces de l’ordre a augmenté de 5,6 pour cent (source :
Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) - ce qui n’est
rien contre les 17 pour cent d’augmentation des agressions physiques. En
chiffres, cela signifie que les 200.000 policiers de France ont subi 41.000
agressions, tandis que les gendarmes dans les zones rurales ont
vécu 3700 agressions. A peu près une tierce des agressions était de nature
physique.
Bref,
le travail d’un policier ou gendarme qui, il n’y a pas très longtemps, avait
encore la réputation d’être dédié au bien-être et la sécurité des citoyens, est
devenu dangereux. La frustration et la haine de la société s’abattent sur eux,
ils ont perdu leur statut de personnes qui sont là pour ceux qui ont besoin d’aide
et de soutien.
Montpellier
fait partie des villes où l’agression - et l’agression envers la force de l’ordre
- ne fait pas partie du quotidien. Son taux de violence (source : le
palmarès de la violence) est en dessous de huit (huit agressions commise par
1000 habitants) contre presque à
treize à Marseille et jusqu’à 30 dans les banlieues de Paris.
L’équipe
de Montpellier Presse Online voulait savoir ce que pensent les
Montpelliérains de leurs forces de l’ordre. Les habitants de leur ville ont parlé
de leur impression sur les policiers, mais beaucoup ont associé « force de
l’ordre » avec police municipale.
« Si
j’ai confiance dans la police de Montpellier ? » La dame dans la
trentaine hausse la tête. « Tout franchement, non. Elle est là pour
déranger certaines couches de la population, mais s’il y a vraiment un
problème, on ne peut pas compter sur elle. »
Une
autre dame, un peu plus âgée que la précédente, n’est pas d’accord. « Oui,
j’ai confiance dans nos policiers », déclare-t-elle, « ces garçons
font ce qu’ils peuvent. Mais ils n’ont pas la vie facile, et je comprends qu’ils ne veulent pas mourir juste parce qu’il y a un petit connard qui déconne.
Les gens sont frustrés parce qu’ils ne travaillent pas - ou parce qu’ils ne
veulent pas travailler, ça dépend - et ils se prennent à la police. »
13
heures, station de tram du Rondelet. Une dame dans la cinquantaine est assise
sur un banc et attend le tram, entourée d’autres personnes. Elle
sort son téléphone pour appeler une amie. « Il faisait jour », raconte-t-elle
avec une voie amère, j’étais pas seule. Je ne pensais pas que quelque chose
pourrait m’arriver. » Tout à coup, un jeune homme - « qui avait l’air
tout à fait français », souligne-t-elle - se penche sur elle et lui
arrache son téléphone. « Tout n’a duré qu’une seconde. Il m’a arraché le
téléphone avec force et, une seconde plus tard, il avait disparu. »
Jusqu’ici,
une scène de petite délinquance qui, malheureusement, est fréquente. Plus
intéressante, toutefois, est la réaction des gens : « Tout le monde m’a
dit qu’il ne vaut même pas la peine de porter plainte. Sauf si on a une
assurance. Un homme a dit que la police ne ferait rien. Et je pense qu’il avait
raison. » Plus tard, elle en a discuté avec un vendeur dans une boutique
SFR : « Lui aussi m’a dit que je perdrais mon temps, si je porte
plainte. La police a autre chose à faire que s’occuper de mon téléphone. »
Récit
d’une autre dame, d’une quarantaine d’année : « Un jour, je suis rentrée
tard, vers minuit peut-être. Sur une petite rue près de la gare - à côté du
parc - un groupe de jeunes m’a entouré et menacé. Plus tard, j’ai compris qu’ils
ne voulaient que me faire peur… et ils ont pleinement réussi. J’ai pensé qu’ils
voulaient me blesser, m’arracher mon sac. Mais finalement, ils sont partis en
rigolant. »
Après
le départ des jeunes, elle se rend compte qu’il y avait une voiture avec quatre
policiers en uniforme qui, « cinquante ou soixante mètres plus loin »
ont observé la scène. « Ils ont laissé faire, ils auraient pu m’éviter la
peur. Et si les jeunes m’avaient vraiment blessée, ils n’auraient pas eu le
temps de s’approcher pour me sauver non plus. »
Les
jeunes partis, la voiture se serait approchée d’elle. « Là, je me suis mis
en colère, j'ai crié que la police arrive toujours trop tard, comme dans
les mauvais Western. Ils se sont fâchés et ont menacé de m’amener au poste. Et
voilà. Ils sont courageux s’il s’agit d’une femme seule, dans le choc, mais
envers de jeunes bandits, ils n’osent rien. »
« Si
j’ai confiance dans la police de Montpellier ? » répète aussi une
jeune femme pour, ensuite, raconter qu’elle était témoin d’une action de la
police contre les « indignés ». « J’ai vu, comment ils ont
traité des gens tout à fait paisible. Dont le seul crime était d’être assis sur
la Comédie. Non, ça m’a pas fait confiance. »
Un
Monsieur dans la trentaine raconte que, la nuit d’un match de foot, il a
observé des jeunes de son quartier brûler deux voitures. « Le feux était
visible pour tout le monde, mais la police ne s’est pas montré. Curieusement,
il y avait quelqu’un pour s’occuper très rapidement des voitures brûlées : le
lendemain midi, on n’en voyait plus rien. »
Un
Monsieur dans la cinquantaine parle de bruit. « Dans une maison dans mon
voisinage, ils font la fête jusqu’à sept heures le matin, plusieurs fois l’année.
Ils mettent leurs enceintes à l’extérieur, et j’ai beau fermer ma fenêtre, je ne
peux pas dormir. Parfois les basses sont si fortes que les meubles dansent. »
Un jour, vers trois heures, il a appelé d’abord la police municipale, « le numéro
spécialisé au bruit », ensuite la police. « A la police municipale, on m’a
dit qu’on pourrait rien faire faute de personnel. Et à la police, on m’a
clairement fait comprendre que je les embête. On a promis de venir voir,
mais quand j’ai demandé à quelle heure ils penseraient se présenter, le
policier m’a répondu : ‘ça ne vous regarde pas’. Évidemment, personne n’est venu,
la fête a continué. »
Mais
pas tout le monde n’a de mauvaises expériences. « Je trouve que la police
de Montpellier est très polie. J’imagine qu’elle fait ce qu’elle peut, mais il
y a trop de délinquance », explique une dame dans la quarantaine. Et un
Monsieur d’à peu près le même âge raconte qu’il aurait été pris dans un grand contrôle devant la gare : « Je ne sais pas, pourquoi la police a
contrôlé tout le monde, mais c’était rapide et calme. Ils avaient certainement
une raison pour leur action. Ils sont là pour notre sécurité, et on devrait
leur remercier tous les jours. »
Un
Monsieur dans la cinquantaine n’est pas persuadé de l’efficacité des policiers.
« Mais qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent ? Ce n’est pas une
question de la police, mais de la société. C’est au gouvernement de bouger. Qu’il
donne du travail à tout le monde, assez pour se loger et manger correctement, et
le problème sera résolu. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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