samedi 13 décembre 2014

Montpellier, ville sans lumières ?

Les lumières de Noël sur la Comédie - et les rues sombres dans la ville de Montpellier


Les Montpelliérains sont enthousiastes. « Les lumières sur la Comédie sont magnifiques. La nuit, l’arbre de Noël et la boule du monde sont très joliment illuminés. »

Là, tout le monde est d’accord - pas une des personnes interrogées à ce sujet par l’équipe de Montpellier Presse Online n’était déçue par les lumières de Noël sur la Comédie. Toutefois, il y a un bémol qui se mêle de l’ambiance festive : « Toutes ces lumières pour Noël, j’adore », explique une dame dans la quarantaine qui habite les petites rues entre la Comédie et la gare. « Mais si, chez nous, on aurait aussi un tout petit peu de lumière, on serait encore plus contents. »

« Cela fait maintenant huit ans que j’habite à Montpellier », raconte une Anglaise d’une trentaine d’années. « Je suis arrivée en décembre, et j’ai tout de suite aimé la ville. Mais ce qui m’a plu le plus : les lumières. Les rues étaient lumineuses, partout en ville. Pour moi, Montpellier était une ville des lumières. Mais ç’a beaucoup changé. »

L’Anglaise n’est pas la seule à parler de ce changement. Beaucoup de gens se plaignent du manque total de lumière dans certaines rues du centre. « Jusqu’à sept heures, vous avez encore les lumières des commerces. Mais plus tard, il n’y a plus rien », dit un Monsieur d’une cinquantaine d’année. Et une Dame d’à peu près le même âge : « Avant, je suis souvent sorti le soir. Mais maintenant, je n’ose plus. J’ai peur de me casser une jambe dans le noir. »

Le manque d’illumination concerne tout le monde, mais surtout les personnes âgées ou malvoyantes. « Je ne vois pas très bien », se plaint par exemple un Monsieur d’à peine trente ans. « Je ne peux pas passer dans les rues sans lumière, je ne vois pas où je mets mes pieds. Je suis alors condamné de rester chez moi ou de sortir accompagné. Mais », ajoute-t-il rapidement, « je ne suis pas handicapé. Je vois juste un peu mal pendant la nuit. La journée ou quand il y a des lumières dans la rue, je n’ai pas de problèmes. »

« J’aime beaucoup la ville à cette saison-ci », raconte une autre dame, un peu plus âgée que le Monsieur. « Les boutiques illuminées quand il fait déjà noir, c’est très beau. On a l’impression que toute la rue est un théâtre. Mais après », sa mine s’assombrit, « la ville devient noire. Dans quelques rues on trouve encore quelques lampes. Dans d’autres, aucune. »

Les Montpelliérains, comme disait le Monsieur, ont tout simplement peur de se casser une jambe dans le noir. « On ne peut pas dire que les trottoirs à Montpellier seraient si bien faits qu’on pourrait s’y confier sans rien voir », rappelle une dame dans la quarantaine. « Les rues sont pleines de trous, si on ne connaît pas chaque centimètre, on peut tomber pendant la nuit. En été », ajoute-t-elle, ce n’est pas si grave, il reste clair assez tard. Mais maintenant, c’est différent… »

Malheureusement, la peur de tomber n’est pas la seule qui tracasse les Montpelliérains : il y a aussi la question de la sécurité. « Avec sa politique de lumière - ou plutôt d’obscurité - la municipalité ouvre les portes à la délinquance », constate un Monsieur dans la soixantaine. Et une dame dans la trentaine raconte : « Je ne suis pas peureuse, je n’ai pas peur de sortir tard. Mais quand je rentre dans l’obscurité totale, ça me fait quand même froid au dos. C’est si simple de m’arracher mon sac dans le noir. »

Un autre Monsieur, d’une dizaine d’années plus jeune que le précédent, rappelle le chiffre augmentant des cambriolages à Montpellier. « Les cambrioleurs ont la vie facile. Il fait si noir dans les rues de Montpellier qu’on les voit pas. Et même s’ils ont pris, ils s’enfuient facilement, personne ne serait capable de les reconnaître. »

Toutefois, la politique de la municipalité a aussi ses défenseurs. « C’est une question de finances », pense un jeune homme, « et aussi une question d’écologie. Tout le monde parle de l’écologie, mais si un maire prend enfin la décision de gâcher moins d’électricité par l’illumination de rues nocturnes où se promènent peut-être une ou deux personnes par nuit, ils commencent à crier. L’écologie, c’est toujours pour les autres. »

Une étudiante a la solution : « On a tous des portables qu’on peut transformer en torche. Pourquoi pas s’en servir pendant la nuit, au lieu de dépenser des milliers d’euros pour les réverbères ? »

Pourquoi pas - peut-être, la ville de Montpellier sera-t-elle bientôt illuminée par des milliers de Smartphones…
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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