Du Marché de Noël à Montpellier aux Hivernales
« Si
on l’appelle Marché de Noël ou les Hivernales, peu importe, il n’est plus ce
qu’il était », se plaint une dame d’une cinquantaine d’années. Demandée
par l’équipe de Montpellier Presse Online de préciser ce qui aurait tant
changé, elle sort ses arguments : « D’abord l’emplacement. Avant, le
Marché de Noël se tenait sur la place de la Comédie. Il y avait de l’ambiance,
on pouvait circuler entre des stands comme dans un petit village. Maintenant,
on se croit sur une promenade à la mer, préparée pour les touristes. »
Les
Hivernales de Montpellier « préparées pour les touristes » ?
Cela ne correspond certainement pas aux idées des organisateurs. « Si les
Hivernales sont pour les touristes ? », répète un Monsieur d’à peu
près trente ans la question. « Non, je ne crois pas, plutôt pour les
Montpelliérains et les habitants des environs. Si c’était pour les touristes »,
il sourit, « il y aurait plus d’attraction, des choses intéressantes, pas
seulement quelques kiosques où on trouve toujours la même chose. »
Les
kiosques où on trouve toujours la même chose… ceci fait également partie des
critiques de la première interrogées. « On aurait envie de découvrir de
nouvelles choses », explique-t-elle, « mais il y a toujours les mêmes
offres, les mêmes bijoux, savons, écharpes etc. On les connaît de l’année
dernière, de l’année d’avant, des Estivales… »
« Ça
fait maintenant trois ans que la municipalité a lancé les Hivernales », se
rappelle un Monsieur dans la quarantaine. « Avant, on l’appelait le Marché
de Noël. Je ne sais pas si la structure du marché - à l’époque sur la Comédie -
donnait cette impression ou si c’est vrai : j’aurais dit que l’ancien
Marché de Noël était plus grand. Et qu’il proposait un choix plus important. De
toute manière, il était plus coloré... »
« …
et plus romantique », ajoute une dame un peu plus âgée que lui. « Je
sais, il y a des gens qui sont contre Noël et tout. Mais il faut se décider :
si on veut un Marché de Noël, faut le faire avec toutes les conséquences :
musique de Noël, père Noël, des anges, des sapins, des ornements, tout le
kitsch. Mais si on ne sait pas ce qu’on veut, on ne fait rien, pas quelque
chose de vague comme ces Hivernales. Ce n’est pas un vrai Marché de Noël, ce n’est
pas un vrai marché artisanal - c'est-à-dire que je ne vois pas beaucoup de
produits artisanaux ici, ni un vraie fête. »
Trois
jeunes hommes entre 16 et 18 ans ne sont pas tout à fait d’accord. « Oui »,
proclament-ils, « c’est la fête à Montpellier. On peut manger et boire et il y a de la
musique. » S’intéressent-ils aux stands ? « Je sais pas »,
est la réponse. « Je crois pas. J’achète mes cadeaux sur Internet, c’est
moins cher. »
Un
autre jeune homme, environ 25 ans, aime lui aussi faire la fête aux Hivernales.
« J’aime bien les Estivales et les Hivernales. C’est des endroits où on
peut faire la fête avec les amis. J’y vais ce soir avec ma copine, on va s’amuser. »
« Si
j’ai préféré l’ancien Marché de Noël ou si j’aime mieux les Hivernales ? »
La dame dans la trentaine réfléchit. « Je ne suis pas sure. L’ambiance au
Marché de Noël était plus… Noël, ça m’a plu. Mais l’idée de le faire sur l’Esplanade
n’est pas mal non plus. Quand j’avais besoin de traverser rapidement la
Comédie, je trouvais les stands très gênants. Une fois, j’ai presque raté un rendez-vous,
parce qu’il y avait trop de gens sur la Comédie, entre les stands. »
Les
Hivernales sont un lieu de fête, certes, mais aussi un endroit, où les
Montpelliérains sont censés acheter leurs cadeaux. « J’ai acheté une peluche
pour mon petit-fils », raconte une dame dans la soixantaine. « Mais
rien d’autre. Je trouve les prix sont trop chers. »
« Avant,
quand il y avait encore le Marché de Noël, on trouvait des bricoles à droit et
à gauche et, finalement, j’y ai acheté pas mal de choses. Mais aux Hivernales
il y n’y que de la nourriture. Je ne vais quand même pas offrir une gaufre ou
un sandwich à mes parents », rigole une jeune femme.
« Pas
étonnant que personne n’achète », commente par contre un Monsieur d’une
quarantaine d’années. « J’ai entendu que les commerçant paient 3000 euros
pour leurs stands. C’est normal qu’ils soient trop chers. Pour récupérer cette
somme, il faut vendre beaucoup, et pas trop bon marché. »
Qu’en
pensent les commerçants ? « On ne peut pas se plaindre du nombre des
visiteurs du marché », répond une vendeuse de vin chaud qui « fait ça
depuis des années ». « Mais il y de moins en moins qui achètent. Ils
passent, regardent, et s’en vont. Personne n’a plus d’argent. »
« Je
suis très contente », proclame par contre une dame qui vend de petits
cadeaux genre gadget. « Les gens ne savent pas quoi offrir, ils cherchent
alors des idées sur mon stand. Mais il est vrai », ajoute-t-elle, « qu’ils
achètent des produits peu chers. C’est quelque chose qui a changé. Il y a
quelques années, j’ai aussi vendu des produits assez chers, mais c’est terminé. »
Un
Monsieur qui, depuis plusieurs années, vend des bijoux aux Marchés de Noël
pense sérieusement à ne plus venir aux Hivernales. « C’est beaucoup de
travail, il faut être présent tout le temps - et je vends trop peu. L’année
prochaine, je chercherai probablement ailleurs. »
Quelle
est la conséquence ? Terminer avec les Hivernales, renoncer à tout Marché
de Noël ? - « Non, surement pas, », répond une dame dans la
cinquantaine, « Noël sans marché, ça sera comme… gâteau sans beurre. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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