L'histoire aboutit à Montpellier : Jean Jaurès et l'esprit des Montpelliérains
Ne faut-il honorer, à Montpellier, que les hommes qui sont nés ou qui ont vécu parmi les Montpelliérains ? Ou, plutôt, la ville de Montpellier ne doit-elle pas à son propre esprit international d'être prête à reconnaître les mérites de tous ceux qui étaient grands, généreux, courageux - humains ?
Le 27 février 1999, le jour de l'inauguration de la statue de Jean Jaurès sur la place nommée après lui, la réponse était évidente : Montpellier honore tous ceux qui agissent dans son esprit.
Quel était cet esprit de Jean Jaurès ? - Nous connaissons son histoire, mais on parle peu de ses idées. Quel état de conscience, quels événements ont amené cet homme d'une petite ville au Sud de la France à être si courageux, à faire ce qu'il avait à faire ?
Dans son livre "L'Armée nouvelle", rédigé en 1910, Jean Jaurès décrit son état d'esprit lors que, très jeune, il se promène pour la première fois à Paris. Il parle d'un soir d'hiver où, pour lui, l'homme né à Castres, la ville semblait immense, inhumaine. Il avait l'impression de voir des milliers d'humains dont personne ne connaissait l'autre, tous seuls, solitaires. Et en ce moment, il s'est demandé : "...comment tous ces êtres acceptaient l’inégale répartition des biens et des maux, comment l’énorme structure sociale ne tombait pas en dissolution..."
La solitude, un phénomène qui est loin d'être nouveau, régnait déjà à l'époque de Jean Jaurès. Une des raisons pour la solitude, pour lui, était ancrée dans les habitudes - les habitudes, surtout, d'accepter sans réfléchir tout ce qui entoure les hommes. Ainsi, il était de l'avis que la solitude n'était pas due à l'esprit humain, mais au système social : "...le système social", écrit-il dans "L'Armée nouvelle", toujours pensant aux gens qu'il observait lors de sa promenade à Paris, "avait façonné ces hommes, il était en eux, il était, en quelque façon, devenu leur substance même, et ils ne se révoltaient pas contre la réalité, parce qu’ils se confondaient avec elle." Il critiquait le fait que l'homme pensait plus facilement à ses petites commodités qui, finalement, ne changeaient rien à ses conditions de vie, au lieu d'essayer de "refondre le système social, énorme, accablant et protecteur, où il avait, en quelque coin, son gîte d’habitude et de misère."
C'était donc avec un tel état d'esprit que Jean Jaurès se lançait dans la vie parisienne. Toutefois, quelques années plus tard, il avait compris que "...donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises." La liberté, aux yeux de Jean Jaurès, était représentée par la République. Mais il y voyait aussi des dangers. Ainsi, il était de l'avis que le suffrage universel "qui trouve son expression définitive et logique dans la République" avait fait des citoyens des hommes de pouvoir, "une assemblée de rois." Il souligne que c'est le peuple, les "salariés" comme il appelle les gens qui travaillent, qui, désormais, est responsable des lois qui le gouvernent. "...mais au moment même où le salarié est souverain dans l'ordre politique il est dans 1’ordre économique, réduit à une sorte de servage."
Bref, pour Jean Jaurès, la liberté était une base nécessaire de la vie de tous les jours. Cependant, il soulignait que celui qui voulait en profiter avait aussi des responsabilités. Il exigeait "l'émancipation politique" du peuple mais, en même temps, il proclamait son "émancipation sociale".
L'œuvre de Jean Jaurès est restée inachevée. Elle a donné du courage à beaucoup de gens, mais elle a aussi attiré l'inimitié sur lui. La preuve : il a été assassiné en 1914, par un militant de l'extrême droit, juste trois jours avant l'éclatement de la Première Guerre mondiale, une guerre contre laquelle il avait lutté avec tant d'esprit de liberté, de fraternité et de pacifisme.
Le 27 février 1999, le jour de l'inauguration de la statue de Jean Jaurès sur la place nommée après lui, la réponse était évidente : Montpellier honore tous ceux qui agissent dans son esprit.
Quel était cet esprit de Jean Jaurès ? - Nous connaissons son histoire, mais on parle peu de ses idées. Quel état de conscience, quels événements ont amené cet homme d'une petite ville au Sud de la France à être si courageux, à faire ce qu'il avait à faire ?
Dans son livre "L'Armée nouvelle", rédigé en 1910, Jean Jaurès décrit son état d'esprit lors que, très jeune, il se promène pour la première fois à Paris. Il parle d'un soir d'hiver où, pour lui, l'homme né à Castres, la ville semblait immense, inhumaine. Il avait l'impression de voir des milliers d'humains dont personne ne connaissait l'autre, tous seuls, solitaires. Et en ce moment, il s'est demandé : "...comment tous ces êtres acceptaient l’inégale répartition des biens et des maux, comment l’énorme structure sociale ne tombait pas en dissolution..."
La solitude, un phénomène qui est loin d'être nouveau, régnait déjà à l'époque de Jean Jaurès. Une des raisons pour la solitude, pour lui, était ancrée dans les habitudes - les habitudes, surtout, d'accepter sans réfléchir tout ce qui entoure les hommes. Ainsi, il était de l'avis que la solitude n'était pas due à l'esprit humain, mais au système social : "...le système social", écrit-il dans "L'Armée nouvelle", toujours pensant aux gens qu'il observait lors de sa promenade à Paris, "avait façonné ces hommes, il était en eux, il était, en quelque façon, devenu leur substance même, et ils ne se révoltaient pas contre la réalité, parce qu’ils se confondaient avec elle." Il critiquait le fait que l'homme pensait plus facilement à ses petites commodités qui, finalement, ne changeaient rien à ses conditions de vie, au lieu d'essayer de "refondre le système social, énorme, accablant et protecteur, où il avait, en quelque coin, son gîte d’habitude et de misère."
C'était donc avec un tel état d'esprit que Jean Jaurès se lançait dans la vie parisienne. Toutefois, quelques années plus tard, il avait compris que "...donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises." La liberté, aux yeux de Jean Jaurès, était représentée par la République. Mais il y voyait aussi des dangers. Ainsi, il était de l'avis que le suffrage universel "qui trouve son expression définitive et logique dans la République" avait fait des citoyens des hommes de pouvoir, "une assemblée de rois." Il souligne que c'est le peuple, les "salariés" comme il appelle les gens qui travaillent, qui, désormais, est responsable des lois qui le gouvernent. "...mais au moment même où le salarié est souverain dans l'ordre politique il est dans 1’ordre économique, réduit à une sorte de servage."
Bref, pour Jean Jaurès, la liberté était une base nécessaire de la vie de tous les jours. Cependant, il soulignait que celui qui voulait en profiter avait aussi des responsabilités. Il exigeait "l'émancipation politique" du peuple mais, en même temps, il proclamait son "émancipation sociale".
L'œuvre de Jean Jaurès est restée inachevée. Elle a donné du courage à beaucoup de gens, mais elle a aussi attiré l'inimitié sur lui. La preuve : il a été assassiné en 1914, par un militant de l'extrême droit, juste trois jours avant l'éclatement de la Première Guerre mondiale, une guerre contre laquelle il avait lutté avec tant d'esprit de liberté, de fraternité et de pacifisme.
Montpellier et ses statues :
Montpellier dans l'ombre de Louis XIV
Place de la Canourgue, Montpellier : la fontaine des Licornes
Montpellier dans l'ombre de Louis XIV
Place de la Canourgue, Montpellier : la fontaine des Licornes
Photos et texte : copyright Doris Kneller
C'est une belle figure française.
RépondreSupprimerCelui-là ça va. Mais Lénine qu'on va nous imposer, c'est autre chose !
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