vendredi 19 décembre 2014

Les Montpelliérains à Noël

Y a-t-il encore des gens à Montpellier qui sont seuls à Noël ?

Tout le monde parle de Noël, mais le business en parle le plus fort. Et tout le monde n’en parle pas dans les meilleurs termes. Ainsi, l’équipe de Montpellier Presse Online s’est demandé - et a demandé aux autres Montpelliérains - si Noël a toujours la côte dans notre ville.

« J’ai l’impression que Montpellier sera vide cette année », confie une dame dans la soixantaine avec un sourire un peu amère. « Il n’aura personne sauf mon mari et moi. Ma fille sera en Angleterre avec son mari, chez ses beaux-parents, tous nos amis seront partis également. »

La dame ne sera certainement pas la seule qui restera à Montpellier pendant les fêtes. Mais il est vrai que beaucoup de Montpelliérains préfèrent passer ailleurs les jours de Noël.

« Pour moi, Noël est toujours une fête de famille. Je vais voir mes parents, tous les ans », explique par exemple une dame dans la trentaine. Quelques autres dames de tous les âges ont l’intention de fêter avec des amies à Paris et plusieurs couples ont même l’intention de célébrer Noël séparément : « Ma femme souhaite rendre visite à ses parents », détaille un homme dans la quarantaine, « et moi je préfère aller voir les miens. Jusqu’à maintenant, c’était toujours la querelle à Noël, les parents ou les beaux-parents qui n’étaient pas contents. Mais cette année-ci, nous avons résolu le problème, chacun va voir sa famille et tout le monde est heureux. »

L’exemple de ce Monsieur semble faire école. De plus en plus de couples surtout en dessous de quarante ans envisagent une séparation pour les jours de Noël. Ils le considèrent toujours comme fête de famille, mais parlent de celle dont font partie leur parents - eux-mêmes dans le rôle de la fille ou du fils - et non du couple qu’ils ont fondu eux-mêmes. Et cela ne concerne pas seulement les couples sans enfants : « Je vais chez mes parents pour fêter Noël, avec ma fille. Maman est si contente de la voir. Mon mari préfère fêter avec des copains. Il n’aime pas Noël dans ma famille. »

Toutefois, pas tout le monde n’a une famille. « Je déteste Noël », avoue une dame dans la quarantaine. « Tous mes amis partent dans leurs familles ou restent entre eux. Comme si chacun aurait une famille, comme si c’était une loi. A Noël, je me sens littéralement coupable de ne pas avoir de famille. Et », ajoute-t-elle d’une voix plus basse, « ça me rend énormément seule. »

Que faire à Noël quand on est seul ? « Je vais au cinéma », raconte une dame d’une trentaine d’années. « Tous les ans. Le cinéma est assez vide, le soir de Noël, mais je ne suis pas la seule. Juste dommage », continue-t-elle après quelques secondes de réflexion, « que les personnes au cinéma ne communiquent pas entre elles. Je veux dire… on est tous seuls, sinon on ne serait pas au cinéma, ce soir-là. On pourrait donc aller boire un verre ensemble, après la séance, et fêter ensemble. Je rêve d’avoir le courage d’aborder une de ses personnes, mais je n’ai jamais réussi. »

Solidarité entre ceux qui sont seuls ? - « Je préférerais fêter Noël en famille, comme tout le monde », explique une étudiante mexicaine. « Mais ce n’est pas possible, je ne peux pas me payer un billet pour la Mexique. Mais ce n’est pas grave. Heureusement, il y a OVS, On Va Sortir, un site où on trouve toujours des gens qui sont prêts à faire quelque chose ensemble. Même pour Noël. »

Il y a aussi les copains. « Je suis seule, cette année », confirme une dame dans la cinquantaine. « Mon fils et sa famille font des vacances en Espagne. Mais ce n’est pas grave. J’ai été invitée par un couple d’amis. On prendra un bon repas ensemble. »

Mais ces « tout le monde » qui fêtent Noël en famille, sont-ils vraiment contents ? « Bien évidemment », confirme un Monsieur dans la trentaine. « J’ai rarement l’occasion de passer quelques jours avec ma mère. Mais à Noël, c’est sacre. A Noël, j’appartiens entièrement à Maman. »

D’autres ne partagent pas son enthousiasme comme, par exemple, une dame dans la quarantaine : « Oui, je vais voir mes parents. Je resterai cinq jours. Et je sais déjà maintenant, que je vais m’ennuyer pendant cinq jours. Mais je ne peux rien faire, Noël est trop important pour eux. » Et une autre dame d’à peu près le même âge qui, elle aussi, rend tous les ans visite à sa famille : « Noël, c’est tous les ans pareil, je me ruine. Le prix du billet, les cadeaux, et cette année, nous n’avons même pas eu de prime… J'aimerais tant rester ici et faire la fête avec mes amis. »

Un Monsieur de plus de soixante-dix ans, par contre, ne pense pas au prix des cadeaux : « Ma fille m’a invité de passer Noël dans sa famille, avec mes petit-fils et ma petite-fille. C’est la première fois, et je suis si heureux. La joie des enfants quand ils recevront leurs cadeaux me réconciliera avec la vie. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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