lundi 22 décembre 2014

Montpellier : la grève des médecins

Selon les Montpelliérains, les médecins ont-ils le droit de faire grève ?

A première vue, l’idée d’une grève des urgentistes, des anesthésistes et, ensuite, des généralistes pendant Noël sonne comme quelque chose d’inouï. D’un autre côté, personne ne peut comprendre qu’il y ait encore des professionnels obligés de travailler jusqu’à 50 heures par semaine. L’équipe de Montpellier Presse Online a voulu savoir, si les Montpelliérains sont au courant de ce qui incite la colère des médecins, des derniers résultats des discussions entre syndicat et le ministère de la santé et, surtout, ce qu’ils en pensent.

La dame dans la quarantaine est effectivement au courant : « Non, les gens peuvent se calmer, il n’y aura pas de grève. La ministre de la santé a déjà annoncé que les médecins urgentistes lèveront la grève. » - Les médecins ont-ils obtenu ce qu’ils ont exigé ? Effectivement, elle connaît la réponse. - « Ils ont exigé que leur travail soit réduit à 39 heures et que les heures supplémentaires soient payées. Le gouvernement a promis de les suivre. » Elle sourit. « Oui, je sais de quoi je parle, mon frère est médecin. »

Une autre dame, un peu plus âgée que la précédente, est moins bien informée - ce qui ne l’empêche pas à avoir une opinion : « C’est énorme, les médecins en grève ! Et si on tombe malade pendant les fêtes, et si on a un accident ? C’est irresponsable. Et tout cela pour gagner encore plus, comme si les médecins ne gagnent pas déjà assez. Si je pense aux dentistes et à ce qu’ils encaissent… »

Une étudiante - « des lettres, pas de médecine », comme elle souligne - n’est pas de l’avis que les médecins gagnent « déjà assez » : « Je suis pleinement de leur côté », explique-t-elle. « Il est temps qu’ils fassent quelque chose. Imaginez - 58 heures de travail par semaine. On se demande si, avec tout ce stress, ils sont encore en mesure de soigner correctement. »

Un Monsieur dans la cinquantaine pense que « médecin n’est pas médecin » : « Les urgentistes ne sont pas assez bien payés, ceci est évident. Et les généralistes non plus. Certains spécialistes, par contre, gagnent tant qu’ils peuvent prendre leur retraite avec quarante ans et vivre de leurs économies le reste de leur vie. »

« Je les comprends », commente une dame dans la cinquantaine, « ils travaillent jour et nuit et sont mal payés. En plus, leur travail est très responsable, je parle des urgentistes. S’ils sont trop fatigués pendant leur travail, des catastrophes peuvent arriver. »

« Grève, oui, mais à Noël ? », se plainte une autre dame un peu plus âgée que la précédente. « J’ai lu qu’il y a beaucoup d’accidents à Noël et aussi des infarctus. Des médecins en grève, ce n’est pas un bon cadeau de Noël. »

« Pourquoi tout ce bruit pour rien ? », s’amuse par contre un Monsieur dans la trentaine. « Ce n’est pas une vraie grève : les médecins vont mettre des badges qui disent qu’il sont en grève - et travailler. Moi je dis ‘chapeau’. Tous les autres refusent de travailler sans s’occuper des conséquences, quand ils ne sont pas contents. Comme les employés des trams, par exemple, ou des trains. Au SNCF, ils ne demandent jamais si c’est Noël ou si la grève pourrait nuire à quelqu’un. »

Une dame du même âge dispose d’autres informations : « Les médecins sont contre la généralisation du tiers-payant. Je suis de l’avis que c’est très égoïste. Beaucoup de gens ne vont pas chez le docteur ou ils attendent trop longtemps parce qu’ils ne peuvent pas avancer les frais. Il y a des pays où le tiers-payant est généralisé depuis des dizaines d’années, et aucun médecin n’a de raison de se plaindre. En Allemagne, par exemple. »

« Je suis contre les grèves », explique une autre dame dans la cinquantaine. « La grève ne frappe jamais les capitalistes, mais uniquement le peuple, ceux qui dépendent des docteurs. Ou des transports en commun. Actuellement, les avions en Allemagne ont déclaré la grève. Ma fille habite en Allemagne et je lui rends souvent visite pour Noël. Pas cette année, heureusement. Mais je ne peux pas me payer de machine privée, comme certains Messieurs, je dépends des transports en commun. C’est donc des gens comme moi qui sont frappés par la grève, pas les responsables. »

Une étudiante pensent pareil : « J’ai envie de dire aux grévistes : ‘Je suis d’accord, je vous accorde tout ce que vous revendiquez.’ Parce que c’est moi qui souffre de leurs grèves, je devrais alors pouvoir décider de leur fin… »
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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