jeudi 18 décembre 2014

Tabagisme à Montpellier

Qui fume à Montpellier et comment réagissent les Montpelliérains non-fumeurs ? 


L’équipe de Montpellier Presse Online l’a testé - si on allume une cigarette dans la rue de Verdun et la promène jusqu’à la Comédie, il y a en moyenne trois personnes qui demandent s’ils peuvent en avoir une. Celui qui fume entre le Rondelet et l’Observatoire entend en moyenne une fois : « Avez-vous une cigarette pour moi ? » Entre la gare et la Comédie, la question peut être posée jusqu’à huit fois, et si on pose un paquet de cigarette sur une table de terrasse sur la Comédie, elle se répète en moyenne six fois par heure…

Autrement dit, celui qui veut fumer tranquillement au centre de Montpellier a intérêt à le faire à un endroit très discret. - Mais qui sont ces gens qui ne peuvent pas voir fumer quelqu’un sans lui demander de partager ?

« Avant ce n’était que des jeunes », constate une dame dans la quarantaine qui a fait la même expérience que les fumeurs dans l’équipe de Montpellier Presse Online. « Mais ç’a changé. Maintenant, des gens de tout âge vous demandent des cigarettes. »

Un Monsieur d’à peu près le même âge, fumeur lui aussi, a fait une observation supplémentaire. « Il y a deux ou trois ans, les tapeurs se tenaient à des gens avec un look plutôt cool, aux hommes aux cheveux longs ou en jeans, et ils préféraient les hommes aux femmes. Entre-temps, ils tapent tout le monde. »

Une dame d’une trentaine d’années, après avoir demandé une cigarette, argumente : « Je fume, mais je ne peux pas m’acheter des cigarettes. Elles sont devenues trop chères. » Et à la question, combien de cigarettes elle arrive à recevoir gratuitement par jour, elle répond : « Ça dépend, entre trois et cinq. Les gens sont devenus radins, ils ne donnent plus rien. »

La dame en question n’a ni l’air d’une SDF ni d’une personne négligée. Elle est correctement vêtue, sa coiffure témoigne d’un passage chez un coiffeur d’il n’y a pas plus de trois ou quatre mois. « Si je me considère comme spécialement pauvre ? », répète-t-elle la question de Montpellier Presse Online. « Non. Je ne suis pas riche, mais il y a des plus pauvres que moi. Seulement, mon budget n’est pas suffisant pour payer des cigarettes. »

Une dame dans la cinquantaine qui se désigne comme non-fumeuse critique le tabagisme en général et, surtout, celui des jeunes. « Depuis qu’ils ne peuvent plus fumer à l’intérieur, on les voit partout dans la rue. Ils tiennent leurs cigarettes dans les mains, et il faut faire attention à ne pas se brûler en passant. Hommes, femmes, tout le monde fume dans la rue et aux stations du tram. Mais le pire, c’est les jeunes. Je vois des petits de 14 ou 15 ans qui grandissent encore. On dit qu’il ne faut surtout pas fumer à l’âge de croissance. »

La dame n’a pas tort : si le tabagisme en général diminue en France depuis quelques années, celui des jeunes est à la hausse. Si on constate que 34 pour cent de la population entre 15 et 75 fument plus ou moins régulièrement, il y a 44 pour cent des jeunes qui sont adeptes du tabagisme. Et les statistiques sont dures : elles prévoient que la moitié des jeunes qui commencent très tôt à consumer les cigarettes ne s’arrêteront plus - et que la moitié parmi ceux qui ne s’arrêteront plus mourront de la fumée…

En plus, le Languedoc-Roussillon est plus concerné que les autres régions de France : tandis qu’en Île-de-France, il n’y a que 35 pour cent de fumeurs et 39 pour cent en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon tient la première place avec 41 pour cent.

Une autre dame d’à peu près le même âge que la précédente raconte que, il y a quelques jours, elle auraient vu une famille romane faisant la manche devant un bureau de tabac. « Un homme, une femme et un garçon de once ou douze ans. Juste au moment où je suis passée, j’ai entendu le petit demander à ses parents l’argent pour aller acheter des cigarettes. »

Question morale, bien sûr, mais la loi y a aussi quelques chose à dire. Depuis 2004, les bureaux de tabac en France n’ont plus le droit de vendre des cigarettes aux mineurs en dessous de 16 ans. Toutefois, une étude menée par le Comité National Contre le Tabagisme (CNCT) montre que la loi est plutôt mal appliquée : elle explique que 74 pour cent des vendeurs de tabac n’hésiteraient pas à enfreindre cette loi et, toujours selon l’étude, 61 pour cent des enfants de 12 ans auraient dit qu’on leur vendrait des cigarettes « sans problème ».

Reste la question, pourquoi on fume plus en Languedoc-Roussillon qu’ailleurs. La plupart des gens interrogés haussent les épaules. Mais une dame dans la quarantaine a la réponse : « Ici, les terrasses des cafés peuvent être fréquentées toute l’année. Parce qu’il ne fait jamais vraiment froid. Les gens peuvent alors fumer. A Paris, il faut trop froid pour fumer dehors. A l’intérieur, on n’a pas le droit. C’est pourquoi les Parisiens fument moins que les Montpelliérains. »

Photos et texte : copyright Doris Kneller

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