jeudi 4 décembre 2014

Le Tram de Montpellier : ligne 5

Une nouvelle ligne de tram : frais déraisonnables ou la liberté pour Montpellier et son Agglo


Jusqu’à maintenant, lorsque la mairie a planifié la construction d’une nouvelle ligne de tram, toute discussion était exclue dès le début. Fidèle au style de George Frêche, la mairie a commandé - souvent pour le bien des Montpelliérains, parfois pour celui des visiteurs et de la réputation de la ville de Montpellier. Mais peu importe si la nouvelle idée plaisait aux Montpelliérains ou non : toute décision restait dans la main de la municipalité.

Toutefois, les temps ont changé. Maintenant, on discute. » Oui  à la ligne 5 » était la décision officielle à l’époque qui, bien qu’il fût décidé, vivait encore sous l’influence de l’ancien maire et président de l’agglomération. Puis, certains disaient non, évoquant la destruction d’une partie du parc Montcalm. Non à la ligne 5 a, un peu plus tard, répondu Philippe Sorel, le nouveau maire de Montpellier, croyant calmer les écologistes amateurs du parc Montcalm.

Mais l’affaire n’est pas close. Entre-temps, un nouveau lobby se fait remarquer : les gens de Montpellier, proclame-t-il, ont besoin d’un réseau de tram plus dense. Trop de gens habitant les secteurs de Lavérune et Ovalie d’un côté et Clapiers et Prades-le-Lez d’un autre seraient perdus sans la ligne 5 qui leur permettrait enfin de se sentir intégrés à Montpellier. Oublié les pensées vertes concernant le parc Montcalm, oublié la résistance contre les plans de Georges Frêche… De nouveau, les Montpelliérains ne sont pas d’accord entre eux.

Pour ou contre la ligne 5, les Montpelliérains savent de toute manière de quoi il s’agit. Très peu des personnes interrogées à ce sujet par l’équipe de Montpellier Presse Online ne savaient pas de quoi il était question. Mais certains ne s’interrogent pas encore sur sens ou non-sens d’une nouvelle ligne de tram : ils pensent d’abord à leur construction.

« La ligne 5 ? », s’écrie une dame dans la quarantaine. « Surtout pas ! Quelle chance que Sorel l’a abandonné. Quelle horreur. J’ai pas oublié les embouteillages éternels de la construction des deux dernières lignes. Jamais plus un tel chaos. Non, je veux pas de tram, je veux une ville sans chantiers. »

« Sorel a raison », explique une autre dame, un peu plus jeune que la précédente. « La construction des trams est trop chère. Montpellier a quatre trams, on est correctement asservi. Pour les quelques endroits sans tram, il y a les bus. Et, tout compte fait, mes concitoyens prennent ni bus ni tram, mais leurs voitures. Il suffit de regarder les bouchons pour le savoir. »

Il est vrai, aux heures de pointe, Montpellier est rempli de voitures. Toutefois, il y a aussi des gens qui dépendent des trams - ou qui les préfèrent au transport individuel. « Mon fils habite Lavérune », dit par exemple une dame dans la soixantaine. « Si je veux voir mes petits-enfants, mon fils doit les amener en voiture. Je ne peux pas aller les voir, je ne conduis pas. S’il y avait un tram, je serais libre de les voir quand je veux. »

Le tram est-ce la liberté ? - Pour certains, oui. « J’ai une voiture comme tout le monde », proclame un Monsieur dans la quarantaine. « Mais tant que je suis à Montpellier, je la laisse au garage. Je suis plus tranquille dans le tram, pas de bouchons, pas de retard au travail. En route, je lis mon journal et j’arrive sans me stresser. »

On a toutefois tendance à oublier les bus. « Il n’y a pas d’endroit à Montpellier qui n’est pas desservi par le transport commun », informe un contrôleur de la Tam. « S’il n’y a pas de tram, il y a un bus. »

Le jeune homme interrogé par Montpellier Presse Online ne le nie pas. « Mais les bus ne servent pas à grand-chose », explique-t-il, fort de l’expérience de ses 17 ans qu’il a passé « avec la misère de quelqu’un qui doit prendre le bus tous les jours. Et même le dimanche, si je veux sortir. » Car dans son quartier, il n’y a rien qui pourrait fasciner un jeune de son âge : « Pas de bars, pas de discos, pas de cinéma. Pour sortir, il y a Montpellier. »

Où est le problème ? « Le dernier bus rentre à 20 heures. Après, plus rien. Si on n’a pas de copain avec voiture, on ne rentre plus. Puis, ils sont souvent en grève. Ou on se présente à la station, et le bus est parti cinq minutes avant l’heure. Les chauffeurs font ce qu’ils veulent. Et ne parlons même pas du dimanche, où il y a un bus toutes les demi-heures ou, souvent, juste une fois par heure. »

Même les hommes politiques ne sont pas d’accord entre eux. Tandis que Philippe Sorel parle toujours des frais trop élevés, Jean-Louis Roumégas, le député vert, pense à ceux à qui une ligne 5 apporterait la liberté. Sur sa page FaceBook, il rappelle que les communes de l’Agglo et certains quartiers de Montpellier l’attendent, et qu’elle serait « indispensable à un maillage complet du territoire. »

En attendant, la question du parc Montcalm reste ouverte.
Photos et texte : copyright Doris Kneller


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