samedi 27 décembre 2014

Montpellier et la force de l'ordre : les policiers

Que les Montpelliérains pensent-ils de la police et la police municipale ?


Les statistiques sont claires : l’agression contre les forces de l’ordre augmente de plus en plus. Les gendarmes sont encore un peu « mieux vus » que les policiers, mais si on croit les chiffres, les Français considèrent les agents de l’état plutôt comme ennemis que comme amis.

Ainsi, déjà en 2013, par rapport à l’année précédente, le nombre des agressions verbales contre les forces de l’ordre a augmenté de 5,6 pour cent (source : Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales) - ce qui n’est rien contre les 17 pour cent d’augmentation des agressions physiques. En chiffres, cela signifie que les 200.000 policiers de France ont subi 41.000 agressions, tandis que les gendarmes dans les zones rurales ont vécu 3700 agressions. A peu près une tierce des agressions était de nature physique.

Bref, le travail d’un policier ou gendarme qui, il n’y a pas très longtemps, avait encore la réputation d’être dédié au bien-être et la sécurité des citoyens, est devenu dangereux. La frustration et la haine de la société s’abattent sur eux, ils ont perdu leur statut de personnes qui sont là pour ceux qui ont besoin d’aide et de soutien.

Montpellier fait partie des villes où l’agression - et l’agression envers la force de l’ordre - ne fait pas partie du quotidien. Son taux de violence (source : le palmarès de la violence) est en dessous de huit (huit agressions commise par 1000 habitants) contre presque à treize à Marseille et jusqu’à 30 dans les banlieues de Paris.

L’équipe de Montpellier Presse Online voulait savoir ce que pensent les Montpelliérains de leurs forces de l’ordre. Les habitants de leur ville ont parlé de leur impression sur les policiers, mais beaucoup ont associé « force de l’ordre » avec police municipale.

« Si j’ai confiance dans la police de Montpellier ? » La dame dans la trentaine hausse la tête. « Tout franchement, non. Elle est là pour déranger certaines couches de la population, mais s’il y a vraiment un problème, on ne peut pas compter sur elle. »

Une autre dame, un peu plus âgée que la précédente, n’est pas d’accord. « Oui, j’ai confiance dans nos policiers », déclare-t-elle, « ces garçons font ce qu’ils peuvent. Mais ils n’ont pas la vie facile, et je comprends qu’ils ne veulent pas mourir juste parce qu’il y a un petit connard qui déconne. Les gens sont frustrés parce qu’ils ne travaillent pas - ou parce qu’ils ne veulent pas travailler, ça dépend - et ils se prennent à la police. »

13 heures, station de tram du Rondelet. Une dame dans la cinquantaine est assise sur un banc et attend le tram, entourée d’autres personnes. Elle sort son téléphone pour appeler une amie. « Il faisait jour », raconte-t-elle avec une voie amère, j’étais pas seule. Je ne pensais pas que quelque chose pourrait m’arriver. » Tout à coup, un jeune homme - « qui avait l’air tout à fait français », souligne-t-elle - se penche sur elle et lui arrache son téléphone. « Tout n’a duré qu’une seconde. Il m’a arraché le téléphone avec force et, une seconde plus tard, il avait disparu. »

Jusqu’ici, une scène de petite délinquance qui, malheureusement, est fréquente. Plus intéressante, toutefois, est la réaction des gens : « Tout le monde m’a dit qu’il ne vaut même pas la peine de porter plainte. Sauf si on a une assurance. Un homme a dit que la police ne ferait rien. Et je pense qu’il avait raison. » Plus tard, elle en a discuté avec un vendeur dans une boutique SFR : « Lui aussi m’a dit que je perdrais mon temps, si je porte plainte. La police a autre chose à faire que s’occuper de mon téléphone. »

Récit d’une autre dame, d’une quarantaine d’année : « Un jour, je suis rentrée tard, vers minuit peut-être. Sur une petite rue près de la gare - à côté du parc - un groupe de jeunes m’a entouré et menacé. Plus tard, j’ai compris qu’ils ne voulaient que me faire peur… et ils ont pleinement réussi. J’ai pensé qu’ils voulaient me blesser, m’arracher mon sac. Mais finalement, ils sont partis en rigolant. »

Après le départ des jeunes, elle se rend compte qu’il y avait une voiture avec quatre policiers en uniforme qui, « cinquante ou soixante mètres plus loin » ont observé la scène. « Ils ont laissé faire, ils auraient pu m’éviter la peur. Et si les jeunes m’avaient vraiment blessée, ils n’auraient pas eu le temps de s’approcher pour me sauver non plus. »

Les jeunes partis, la voiture se serait approchée d’elle. « Là, je me suis mis en colère, j'ai crié que la police arrive toujours trop tard, comme dans les mauvais Western. Ils se sont fâchés et ont menacé de m’amener au poste. Et voilà. Ils sont courageux s’il s’agit d’une femme seule, dans le choc, mais envers de jeunes bandits, ils n’osent rien. »

« Si j’ai confiance dans la police de Montpellier ? » répète aussi une jeune femme pour, ensuite, raconter qu’elle était témoin d’une action de la police contre les « indignés ». « J’ai vu, comment ils ont traité des gens tout à fait paisible. Dont le seul crime était d’être assis sur la Comédie. Non, ça m’a pas fait confiance. »

Un Monsieur dans la trentaine raconte que, la nuit d’un match de foot, il a observé des jeunes de son quartier brûler deux voitures. « Le feux était visible pour tout le monde, mais la police ne s’est pas montré. Curieusement, il y avait quelqu’un pour s’occuper très rapidement des voitures brûlées : le lendemain midi, on n’en voyait plus rien. »

Un Monsieur dans la cinquantaine parle de bruit. « Dans une maison dans mon voisinage, ils font la fête jusqu’à sept heures le matin, plusieurs fois l’année. Ils mettent leurs enceintes à l’extérieur, et j’ai beau fermer ma fenêtre, je ne peux pas dormir. Parfois les basses sont si fortes que les meubles dansent. » Un jour, vers trois heures, il a appelé d’abord la police municipale, « le numéro spécialisé au bruit », ensuite la police. « A la police municipale, on m’a dit qu’on pourrait rien faire faute de personnel. Et à la police, on m’a clairement fait comprendre que je les embête. On a promis de venir voir, mais quand j’ai demandé à quelle heure ils penseraient se présenter, le policier m’a répondu : ‘ça ne vous regarde pas’. Évidemment, personne n’est venu, la fête a continué. »

Mais pas tout le monde n’a de mauvaises expériences. « Je trouve que la police de Montpellier est très polie. J’imagine qu’elle fait ce qu’elle peut, mais il y a trop de délinquance », explique une dame dans la quarantaine. Et un Monsieur d’à peu près le même âge raconte qu’il aurait été pris dans un grand contrôle devant la gare : « Je ne sais pas, pourquoi la police a contrôlé tout le monde, mais c’était rapide et calme. Ils avaient certainement une raison pour leur action. Ils sont là pour notre sécurité, et on devrait leur remercier tous les jours. »

Un Monsieur dans la cinquantaine n’est pas persuadé de l’efficacité des policiers. « Mais qu’est-ce que vous voulez qu’ils fassent ? Ce n’est pas une question de la police, mais de la société. C’est au gouvernement de bouger. Qu’il donne du travail à tout le monde, assez pour se loger et manger correctement, et le problème sera résolu. » 
Photos et texte : copyright Doris Kneller

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