mercredi 31 décembre 2014

Quartiers « précaires » de Montpellier : qui veut vivre où ?

La Mosson, Figuerolles, Mas Drévon, Le Petit Bard, les environs de la gare - vivre aux quartiers populaires de Montpellier


« Ma fille m’a raconté », rapporte la dame dans la quarantaine, « que toutes ses copines d’extérieur demandent d’abord, quels sont les quartiers à éviter. » La fille de la dame qui parle à l’équipe de Montpellier Presse Online a commencé ses études à Paul Valéry en septembre dernier. La plupart de ses nouvelles copines ne sont pas de Montpellier, mais ont passé leur bac aux quatre coins de France ou à l’étranger. « Curieusement », continue la dame, « leur premier souci n’est pas les études, mais le quartier dans lequel elles cherchent un logement. »

« Bon quartier, mauvais quartier… » Les paroles du Monsieur dans la cinquantaine pourraient servir comme réponse aux jeunes étudiantes. « A Montpellier, on n’a pas de mauvais quartiers. On a beaucoup de quartiers populaires - et c’est bien comme ça. C’est une ville qui vit. Et pour vivre, il faut un peu de tout… »

Un Monsieur d’une quarantaine d’années qui vit à la Mosson depuis onze ans n’est pas de cet avis. « Je déteste ce quartier », dit-il franchement. « Quand je rentre le soir, je suis agressé souvent, verbalement, je veux dire. Parfois, je crains que la frontière entre l’agression verbale et l’agression physique ne soit pas très large. Mais ça ne compte pas pour les femmes - les femmes sont en général respectées. C’est les hommes qui sont molestés dans ce quartier. »

Que les jeunes étudiantes comprennent-elles par mauvais quartier ? « Les entourages de la gare », répond spontanément une Anglaise qui a commencé ses études à Montpellier il y a deux ans. « J’évite ce quartier, mais parfois, je suis obligée d’y passer. Et souvent, il y a des hommes, des jeunes, surtout, qui m’abordent. Je trouve ça très agressif. J’aime pas ça. »

Une Canadienne qui passe son doctorat à Montpellier n’est pas d’accord avec l’Anglaise. « J’habite à Figuerolles, j’adore ce quartier. Je connais tous les marchands du marché, tout le monde est poli et gentil. Je n’ai pas peur des gens ici - au contraire, j’ai l’impression qu’ils me protègent. Il y a toujours des gens dans la rue, on se dit bonjour, on est comme une grande famille. »

Une dame dans la cinquantaine a fait de mauvaises expériences à Mas Drévon. « On n’est sûr de rien, là-bas. Ils volent tout ce qu’ils trouvent. Un jour, ma fille a laissé un siège d’enfant dans sa voiture, juste pour quelques heures - quand elle a récupéré la voiture, le siège avait disparu. Un autre jour, j’étais dans la pharmacie. J’avais un collier qui n’était pas très cher, mais très joli. Après, je ne l’avais plus. Quelqu’un me l’a arraché. »

Mais pas tout le monde a vécu de telles expériences. « J’habite à Mas Drévon depuis huit ans », raconte une autre dame un peu plus jeune que la précédente. « Et je ne peux me plaindre de rien. Je n’ai jamais l’impression d’être en danger, même quand je rentre tard. Les gens sont aimables et respectueux. »

Une autre dame, habitante du quartier du Petit Bard parle elle aussi du respect. « Dans mon quartier, il y a beaucoup de chômeurs. Quand il fait beau, ils trainent à l’extérieur, dans les rues, devant les maisons. Mais ils ne font mal à personne, de toute façon pas à moi, et ils ne me manquent jamais de respect. »

Un Monsieur d’une quarantaine d’années pense différemment. Il habite près de l’hôpital Saint Éloi. « Normalement, je prends la voiture pour me déplacer. Mais il y a des jours où je ne peux pas faire autrement, je dois prendre le tram. C’est la ligne 1, sa fréquentation est affreuse. Vous vous croyez quelque part dans l’orient. Des femmes avec des voiles, des hommes qui portent des vêtements arabes - on n’est plus en France. Le quartier où j’habite est très correct. Mais il est situé sur la ligne de tram qui va à la Mosson, au fief des Arabes. »

Heureusement, pas tout le monde à Montpellier n’est raciste. Un autre Monsieur, à peu près du même âge, qui prend le même tram à la station Malbosc aime le tram et son « public coloré » : « Il ne vaut pas la peine de prendre la voiture quand on a à faire en ville. Le tram circule fréquemment et jusqu’à tard dans la nuit. Personnellement, je suis content de prendre la ligne 1 : on y voit toute sorte de gens, toutes les nationalités, on entend un tas de langues. Cette ligne 1 est le miroir d’une ville ouverte et internationale : la cohabitation paisible des peuples. »

Photos et texte : copyright Doris Kneller

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