La Mosson, Figuerolles, Mas Drévon, Le Petit Bard, les environs de la gare - vivre aux quartiers populaires de Montpellier
« Ma
fille m’a raconté », rapporte la dame dans la quarantaine, « que
toutes ses copines d’extérieur demandent d’abord, quels sont les quartiers à
éviter. » La fille de la dame qui parle à l’équipe de Montpellier
Presse Online a commencé ses études à Paul Valéry en septembre dernier. La
plupart de ses nouvelles copines ne sont pas de Montpellier, mais ont passé
leur bac aux quatre coins de France ou à l’étranger. « Curieusement »,
continue la dame, « leur premier souci n’est pas les études, mais le
quartier dans lequel elles cherchent un logement. »
« Bon
quartier, mauvais quartier… » Les paroles du Monsieur dans la cinquantaine
pourraient servir comme réponse aux jeunes étudiantes. « A Montpellier, on
n’a pas de mauvais quartiers. On a beaucoup de quartiers populaires - et c’est
bien comme ça. C’est une ville qui vit. Et pour vivre, il faut un peu de tout… »
Un
Monsieur d’une quarantaine d’années qui vit à la Mosson depuis onze ans n’est
pas de cet avis. « Je déteste ce quartier », dit-il franchement. « Quand
je rentre le soir, je suis agressé souvent, verbalement, je veux dire. Parfois,
je crains que la frontière entre l’agression verbale et l’agression physique ne
soit pas très large. Mais ça ne compte pas pour les femmes - les femmes sont en
général respectées. C’est les hommes qui sont molestés dans ce quartier. »
Que
les jeunes étudiantes comprennent-elles par mauvais quartier ? « Les
entourages de la gare », répond spontanément une Anglaise qui a commencé
ses études à Montpellier il y a deux ans. « J’évite ce quartier, mais
parfois, je suis obligée d’y passer. Et souvent, il y a des hommes, des jeunes,
surtout, qui m’abordent. Je trouve ça très agressif. J’aime pas ça. »
Une
Canadienne qui passe son doctorat à Montpellier n’est pas d’accord avec l’Anglaise.
« J’habite à Figuerolles, j’adore ce quartier. Je connais tous les
marchands du marché, tout le monde est poli et gentil. Je n’ai pas peur des
gens ici - au contraire, j’ai l’impression qu’ils me protègent. Il y a toujours
des gens dans la rue, on se dit bonjour, on est comme une grande famille. »
Une
dame dans la cinquantaine a fait de mauvaises expériences à Mas Drévon. « On
n’est sûr de rien, là-bas. Ils volent tout ce qu’ils trouvent. Un jour, ma
fille a laissé un siège d’enfant dans sa voiture, juste pour quelques heures -
quand elle a récupéré la voiture, le siège avait disparu. Un autre jour, j’étais
dans la pharmacie. J’avais un collier qui n’était pas très cher, mais très
joli. Après, je ne l’avais plus. Quelqu’un me l’a arraché. »
Mais
pas tout le monde a vécu de telles expériences. « J’habite à Mas Drévon
depuis huit ans », raconte une autre dame un peu plus jeune que la
précédente. « Et je ne peux me plaindre de rien. Je n’ai jamais l’impression
d’être en danger, même quand je rentre tard. Les gens sont aimables et
respectueux. »
Une
autre dame, habitante du quartier du Petit Bard parle elle aussi du respect. « Dans
mon quartier, il y a beaucoup de chômeurs. Quand il fait beau, ils trainent à l’extérieur,
dans les rues, devant les maisons. Mais ils ne font mal à personne, de toute
façon pas à moi, et ils ne me manquent jamais de respect. »
Un
Monsieur d’une quarantaine d’années pense différemment. Il habite près de l’hôpital
Saint Éloi. « Normalement, je prends la voiture pour me déplacer. Mais il
y a des jours où je ne peux pas faire autrement, je dois prendre le tram. C’est
la ligne 1, sa fréquentation est affreuse. Vous vous croyez quelque part dans l’orient.
Des femmes avec des voiles, des hommes qui portent des vêtements arabes - on n’est
plus en France. Le quartier où j’habite est très correct. Mais il est situé sur
la ligne de tram qui va à la Mosson, au fief des Arabes. »
Heureusement,
pas tout le monde à Montpellier n’est raciste. Un autre Monsieur, à peu près du
même âge, qui prend le même tram à la station Malbosc aime le tram et son « public
coloré » : « Il ne vaut pas la peine de prendre la voiture quand
on a à faire en ville. Le tram circule fréquemment et jusqu’à tard dans la
nuit. Personnellement, je suis content de prendre la ligne 1 : on y voit
toute sorte de gens, toutes les nationalités, on entend un tas de langues.
Cette ligne 1 est le miroir d’une ville ouverte et internationale : la
cohabitation paisible des peuples. »
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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