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mercredi 21 avril 2010

Faire la fête à Montpellier : les Estivales, les Hivernales, la plage et la Comédie des livres

Où les Montpelliérains font-ils la fête ?
- Micro-troittoir

Place Jean Jaurès, MontpellierMontpellier, ville d'étudiant, ville jeune, ville où on fait la fête. Jadis, les étudiants ont fait la fête autour de l'église Notre-Dame-des-Tables, à l'emplacement où, aujourd'hui, se trouve la place Jean Jaurès. Cela n'a pas vraiment changé - bien qu'il n'y ait plus d'église, la place est restée ce qui elle était des siècles auparavant... la place où les étudiants font la fête.

Mais il n'y a pas que la place Jean Jaurès pour faire la fête. "Où je fais la fête ?", répète la dame d'une trentaine d'années qui, justement, prend un café à l'endroit où, jadis, se tenait l'église Notre-Dame-des-Tables. "Déjà, vous partez du principe que je fais la fête." Elle éclate de rire. "Mais vous avez raison. Bien sûr que je fais la fête. Comment pourrait-on vivre à Montpellier sans faire la fête ?"

Puis, elle se met à réfléchir. "Je crois que, pour la plupart des gens, la terrasse d'un café n'est pas le bon endroit pour faire la fête. On sort, on prend un verre, mais la vraie fête, ç'a lieu chez les gens. Dans un appartement ou sur une terrasse, autour d'un barbecue..."

"Mais on fait la fête partout", sourit un Monsieur dans la cinquantaine. "Vous ne voyez pas ? Regardez autour de vous. Tout le monde fait la fête, tout le temps."

Ensuite, toutefois, il devient sérieux. "Ici, les gens ont besoin du soleil pour faire la fête. Ils aiment être dehors, profiter du beau temps. C'est la raison pour laquelle la saison des fêtes commence maintenant. Les fêtes ont lieu à la plage, sur l'Esplanade..." - il fait allusion à l'Esplanade Charles de Gaulle et les Estivales - "ou dans les jardins privés. Mais le soleil ou les étoiles doivent toujours être au rendez-vous."

La fête sur l'Esplanade Charles de GaulleUn étudiant lui donne raison. Lui aussi pense que "la véritable fête" a lieu à l'extérieur. "Nous on fait la fête à la plage, le pique-nique d'abord, puis la musique et on danse. À la plage, on ne dérange personne, l'ambiance est agréable et on peut faire ce qu'on veut. Et ça ne coûte pas trop cher, parce que tout le monde amène quelque chose. On n'a pas besoin de payer pour nos boissons, genre dans un bar, mais on les achète au supermarché. Comme ça, la fête n'est pas chère et on peut recommencer autant de fois qu'on veut." - Et recommencent-ils souvent ? - "Bien sûr, on fait la fête tout l'été. Tant qu'il fait beau, en fait."

Il y a cependant aussi les fêtes plus ou moins organisées. Une dame d'environ quarante ans est la deuxième à évoquer les Estivales sur l'Esplanade Charles de Gaulle. "Ce sont des moments où vous avez l'impression que tout Montpellier fait la fête. On se rencontre autour de grandes tables, on achète la bonne nourriture, chacun selon ses envies et ses moyens, et tout le monde parle à tout le monde. C'est ce que je trouve si formidable à Montpellier : les gens sont ouverts. Vous ne trouvez pas beaucoup de villes si conviviales comme Montpellier."

"...et tout cela sous un ciel plein d'étoiles", ajoute une autre dame, plus jeune, qui pense à l'aspect "romantique" des Estivales. "Et avec beaucoup de bonne musique."

Et les Hivernales ? "Si j'ai entendu parler des Hivernales ?" demande un Monsieur dans la trentaine. "Non désolé." - S'il ne connaît pas les Hivernales, connaît-il les Estivales ? - Oui, je les connais. J'y vais avec des copains. Vous parlez bien de la fête tous les vendredis soirs, en été, sur l'Esplanade..."

"Les Hivernales ? Oui, je sais ce que c'est", répond un jeune homme. "C'est sur l'Esplanade, comme les Estivales. Mais sous la tente. Ç'a lieu pendant l'époque de Noël, le marché de Noël, en fait. Mais j'y suis jamais allé." - A-t-il déjà assisté aux Estivales ? - "Oui, je trouve ça sympa. Mais quand il y a les Estivales, il fait beau. Manger sous une tente, par contre, en plein hiver, ça ne me plaît pas beaucoup." Il hésite pour, ensuite, ajouter en souriant : "Ce n'est pas l'idée qu'on se fait d'une fête, n'est-ce pas ?"

Jardin du PeyrouQue fait-on lorsqu'on fait la fête ? "On mange, on boit, on bavarde...", répond un autre jeune homme. "Et on danse", complète sa copine, "enfin, ceux qui veulent. C'est pas tout le monde qui a envie de danser..." Et elle jette un regard significatif vers son copain.

Toutefois, la fête à Montpellier, ce n'est pas toujours manger, boire et danser : "La plus grande fête à Montpellier est la Comédie des livres. C'est un événement auquel je pense pendant toute l'année. Et quand il arrive enfin, il est toujours trop court", explique la dame d'une quarantaine d'années. "On peut regarder les livres à loisir, il y a des discussions, des conférences, des rencontres avec les auteurs,..."

Une étudiante évoque également la Comédie des livres. "C'est la date la plus importante de la saison. Tout le monde y va. On invite des gens intéressants, des écrivains, surtout, et on a la possibilité de discuter avec eux. Non seulement avec les écrivains, mais aussi avec des responsables des maisons d'édition. Et il y a toujours un thème - je crois que c'est la Russie, la prochaine fois."

"Faire la fête", reprend une autre étudiante en revenant sur le sujet initial. "C'est s'amuser, être bien avec des amis. On peut faire la fête chez les gens, sur l'Esplanade, à la place Jean Jaurès - y a des cafés sympas -, la Comédie, place de la Canourgue et à la plage. Maintenant, ça sera surtout à la plage, bien sûr."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 18 février 2010

Place Jean Jaurès : Montpellier et ses statues

L'histoire aboutit à Montpellier : Jean Jaurès et l'esprit des Montpelliérains

Place Jean Jaurès à MontpellierNe faut-il honorer, à Montpellier, que les hommes qui sont nés ou qui ont vécu parmi les Montpelliérains ? Ou, plutôt, la ville de Montpellier ne doit-elle pas à son propre esprit international d'être prête à reconnaître les mérites de tous ceux qui étaient grands, généreux, courageux - humains ?

Le 27 février 1999, le jour de l'inauguration de la statue de Jean Jaurès sur la place nommée après lui, la réponse était évidente : Montpellier honore tous ceux qui agissent dans son esprit.

Quel était cet esprit de Jean Jaurès ? - Nous connaissons son histoire, mais on parle peu de ses idées. Quel état de conscience, quels événements ont amené cet homme d'une petite ville au Sud de la France à être si courageux, à faire ce qu'il avait à faire ?

Dans son livre "L'Armée nouvelle", rédigé en 1910, Jean Jaurès décrit son état d'esprit lors que, très jeune, il se promène pour la première fois à Paris. Il parle d'un soir d'hiver où, pour lui, l'homme né à Castres, la ville semblait immense, inhumaine. Il avait l'impression de voir des milliers d'humains dont personne ne connaissait l'autre, tous seuls, solitaires. Et en ce moment, il s'est demandé : "...comment tous ces êtres acceptaient l’inégale répartition des biens et des maux, comment l’énorme structure sociale ne tombait pas en dissolution..."

La statue de Jean Jaurès à MontpellierLa solitude, un phénomène qui est loin d'être nouveau, régnait déjà à l'époque de Jean Jaurès. Une des raisons pour la solitude, pour lui, était ancrée dans les habitudes - les habitudes, surtout, d'accepter sans réfléchir tout ce qui entoure les hommes. Ainsi, il était de l'avis que la solitude n'était pas due à l'esprit humain, mais au système social : "...le système social", écrit-il dans "L'Armée nouvelle", toujours pensant aux gens qu'il observait lors de sa promenade à Paris, "avait façonné ces hommes, il était en eux, il était, en quelque façon, devenu leur substance même, et ils ne se révoltaient pas contre la réalité, parce qu’ils se confondaient avec elle." Il critiquait le fait que l'homme pensait plus facilement à ses petites commodités qui, finalement, ne changeaient rien à ses conditions de vie, au lieu d'essayer de "refondre le système social, énorme, accablant et protecteur, où il avait, en quelque coin, son gîte d’habitude et de misère."

C'était donc avec un tel état d'esprit que Jean Jaurès se lançait dans la vie parisienne. Toutefois, quelques années plus tard, il avait compris que "...donner la liberté au monde par la force est une étrange entreprise pleine de chances mauvaises." La liberté, aux yeux de Jean Jaurès, était représentée par la République. Mais il y voyait aussi des dangers. Ainsi, il était de l'avis que le suffrage universel "qui trouve son expression définitive et logique dans la République" avait fait des citoyens des hommes de pouvoir, "une assemblée de rois." Il souligne que c'est le peuple, les "salariés" comme il appelle les gens qui travaillent, qui, désormais, est responsable des lois qui le gouvernent. "...mais au moment même où le salarié est souverain dans l'ordre politique il est dans 1’ordre économique, réduit à une sorte de servage."

Montpellier, Place Jean JaurèsBref, pour Jean Jaurès, la liberté était une base nécessaire de la vie de tous les jours. Cependant, il soulignait que celui qui voulait en profiter avait aussi des responsabilités. Il exigeait "l'émancipation politique" du peuple mais, en même temps, il proclamait son "émancipation sociale".

L'œuvre de Jean Jaurès est restée inachevée. Elle a donné du courage à beaucoup de gens, mais elle a aussi attiré l'inimitié sur lui. La preuve : il a été assassiné en 1914, par un militant de l'extrême droit, juste trois jours avant l'éclatement de la Première Guerre mondiale, une guerre contre laquelle il avait lutté avec tant d'esprit de liberté, de fraternité et de pacifisme.

La place Jean Jaurès à Montpellier :
Place Jean Jaurès à Montpellier
Montpellier et ses cafés

Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 3 février 2010

Parc Méric, Champ de Mars ou Bassin Jacques Cœur : Montpellier, le dimanche

Que faire à Montpellier un week-end ensoleillé ? - Micro-trottoir

Montpellier Peyrou"Un week-end ensoleillé à Montpellier - comment je le passe ?" La dame ne réfléchit pas longtemps : "Je vais à la mer. Montpellier est une ville à côté de la Méditerranée - faut en profiter." - Même en hiver ? - "Bien sûr. En été, je vais me baigner et en hiver, je me promène à la plage."

Toutefois, Montpellier a d'autres activités à proposer que la mer. "Quand il fait beau, le dimanche, je vais au zoo avec mes enfants. Ça leur plaît, ils sont dehors, respirent de bon air, et ils peuvent bouger." La jeune mère parle du Parc Zoologique Henri de Lunaret. - Est-ce un lieu de loisir uniquement pour les enfants ? - "Ah non, absolument pas. Moi aussi, je me régale chaque fois qu'on y va. J'aime le parc et ses installations. On peut observer les animaux sans avoir l'impression qu'ils sont enfermés. Ils ont tous l'air de se sentir bien. Enfin, je trouve."

"Traîner en ville", est la réponse d'une étudiante. "J'adore traîner en ville, le week-end. M'asseoir dans un café sur la place de la Canourgue, rêver, me promener, regarder des gens. Ou me faire accompagner par une copine et jeter un coup d'œil sur les boutiques. Si mon copain est là, on se promène ensemble, sur l'Esplanade. Souvent, on passe par la rue de l'Aiguillerie ou on prend un vers sur la place Jean Jaurès."

Le Peyrou à Montpellier"Les dimanches ensoleillés ? On fait le pique-nique au Jardin du Champ de Mars. En hiver, on reste au soleil, en été, on cherche l'ombre sous les grands arbres. C'est plus beau qu'aller au restau. Et la nourriture est plus saine." Le Monsieur sourit avant d'ajouter : "Et elle a plus de goût, puisque c'est ma femme qui la prépare."

Le Jardin du Champ de Mars est aussi l'endroit où un autre Monsieur, dans la soixantaine, aime passer ses dimanches. "Je suis souvent seul, vous savez ? L'après-midi, je vais alors au parc. J'aime observer les canards, mais aussi les enfants qui y jouent. Parfois, il y a des familles qui se disputent, et je me dis qu'elles ne connaissent pas la chance qu'ils ont d'être ensemble…

"Quand je reste à Montpellier le week-end ? Voyons." Le jeune homme part souvent le week-end pour visiter des amis près de Marseille. "Ma copine aime bien le Jardin des Plantes. Et moi aussi", ajoute-t-il rapidement. "Surtout le petit point d'eau, avec les Nénuphars. On s'allonge dans l'herbe, et on est bien. Mais parfois, il vaut mieux y aller en semaine, si on a le temps. Parce que le dimanche, il y a souvent des familles avec des enfants qui se querellent et des parents qui les grondent. Tout ça peut faire beaucoup de bruit.

"Je donne rendez-vous à mes amis au Bassin Jacques Cœur et puis, on marche le long du Lez.", raconte une femme d'une trentaine d'années. "On ne court pas - on n'est pas des sportifs - mais on marche à un bon rythme. Ça permet de bien respirer et de perdre un peu de la graisse accumuler pendant la semaine. À la fin, on prend un pot dans un des cafés au Bassin Jacques Cœur."

Bassin Jacques Coeur"Marcher" correspond aussi à la philosophie d'un homme d'environ cinquante ans. Mais il préfère le Parc Méric. "Il y a peu des villes du sud de la France qui ont un parc tellement beau. Il est magnifique. Et le champ de coquelicots, je suis sûr qu'il est absolument unique. Et", il lève la main comme s'il voulait être certain qu'on l'écoute attentivement, "saviez-vous qui a habité dans ce parc ? - Frédéric Bazille lui-même !"

"Faire du vélo", est la réponse très décidée d'une jeune femme. "Par exemple le long du Lez. Ou autour du zoo. Il y a des chemins très beaux dans ce coin, mais peu connus. Comme ça, il y a toujours très peu de monde."

L'idée de faire du sport est assez fréquente. "On va au stade chaque samedi, sauf s'il pleut," explique une femme dans la cinquantaine, "avec mon mari. Et on court au moins une heure. Après, on se sent prêts à attaquer la semaine…" Une jeune dame préfère "faire du gym en plein air", et un homme tourne cinq fois autour du centre ville "avec mon vélo, chaque week-end, mais uniquement quand il fait beau". Mais il n'est pas nécessaire de courir vite : "Je me promène avec mon mari", dit une femme d'environ soixante ans. On va au Peyrou ou au Jardin des Plantes ou on prend un thé au Polygone et se promène ensuite à l'Antigone."

D'autres Montpelliérains sont plutôt studieux. "Les dimanches, je vais à la Médiathèque Émile Zola. Lorsqu'il fait beau, je prends un livre, je vais au deuxième étage et je prends le soleil", raconte un étudiant. Une dame dans la trentaine préfère lire au Peyrou. "On y est tranquille. Je m'assoie sur une banque ou je m'allonge dans l'herbe, et je lis. J'aime ça. Je me détente et je me sens bien. Le soir, après une journée au Peyrou, je vais souvent en boîte, avec mes copains, et je tiens bien parce que je suis bien reposée."

Certains, par contre, ne regardent pas la météo pour planifier leurs dimanches : "Musée Fabre", dit une dame d'environ quarante ans. "Le dimanche, je vais toujours au Musée Fabre. Je suis membre des 'Amis du Musée Fabre'. Mais les dimanches où s'est gratuit, j'y vais rarement. Ces week-ends-là, j'y vais plutôt le dimanche ou le vendredi." - Elle va au musée même s'il fait très beau. - "Mais oui. J'adore les tableaux, et comme il fait toujours beau à Montpellier, je ne vais pas attendre la pluie pour aller au musée."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 4 janvier 2010

Place Jean Jaurès à Montpellier : Notre-Dame-des-Tables, les étudiants et les changeurs

Destructions et reconstructions au fil de l'histoire - la place Jean Jaurès à Montpellier

Place Jean Jaurès, Montpellier
Comme tous les étudiants, aussi ceux des premières facultés de droit et de médecine de Montpellier avaient leurs endroits préférés. Aujourd'hui, ces endroits préférés des jeunes coïncident souvent avec un bar, tandis qu'à l'époque, le point de rencontre fut plutôt une église. Ce qui ne peut arriver qu'à Montpellier : des siècles plus tard, les étudiants de la ville ont toujours le même point de rencontre que leurs anciens collègues, pionniers des universitaires à Montpellier…

Mais faut-il se décider si ce point de rencontre correspond plutôt à une église - exigence de l'époque - ou à un bar, une idée beaucoup plus actuelle? Non, pas à Montpellier. Parce que là où, jadis, se tenait l'église la plus "à la mode" de Montpellier on trouve aujourd'hui des bars aussi à la mode que l'église de l'époque.

Jean Jaurès à MontpellierAu fil des ans, la place Jean Jaurès de Montpellier était toujours en mesure de rendre les étudiants heureux. À l'époque, au moment où Montpellier avait gagné ses premiers galons en tant que cité universitaire, cette place au cœur de la ville abritait l'église la plus importante des environs : Notre-Dame-des-Tables. Ce fut ici où on célébrait les nouveaux docteurs après soutenance de leur thèse, ce fut ici qu'on rencontrait les consuls, membres du premier gouvernement "démocratique" de Montpellier, et ce fut ici où on pouvait flâner, boire un coup et discuter à côté des changeurs de monnaie qui guettaient les pèlerins sur leur chemin à Saint Jacques de Compostelle.

Et aujourd'hui ? Il y a longtemps, les changeurs de monnaie n'attendent plus les pèlerins vers l'Espagne. De nos jours, ils échangent la monnaie plutôt contre un bon moment au soleil. Toujours, les étudiants viennent ici pour fêter leur thèse, mais entre-temps, on n'a plus besoin d'attendre avoir passé son doctorat : toute raison est bonne pour faire la fête sur la place Jean Jaurès.

Si l'on pouvait interroger tous les étudiants qui, jamais, prirent le soleil sur la place Jean Jaurès, on entendrait une histoire bien colorée. Une chose est sûre : ce deuxième point culminant de la ville - le premier est le terrain du Peyrou qui, avec ses 52 mètres, constitue le point le plus haut de Montpellier - a toujours attiré du monde.

Montpellier et les étudiantsTout commença - autant que nous le savons - au XIIIe siècle avec une église consacrée à la Sainte Marie. Un estime qu'elle se trouvait au centre d'une agglomération qui, plus tard, devrait devenir Montpellier. Les historiens n'ont pas beaucoup d'informations sur ce qui se passa autour de l'église Sainte-Marie, mais sa crypte resta intacte en dessous de la place Jean Jaurès. Aujourd'hui, elle abrite le Musée de l'histoire de Montpellier, un des témoins les plus expressifs du passé de la ville.

On estime que cette église fut détruite, peut-être au cours d'une des révoltes si fréquente dans l'histoire de Montpellier, peut-être par le feu ou peut-être tout simplement par les responsables de l'agglomération qui avaient envie d'avoir une nouvelle église. Peu importe la raison, l'église Sainte-Marie ne devint pas très âgée. Déjà un siècle plus tard, s'y élèva une nouvelle église, toujours consacrée à la mère de Dieu, qu'on baptisa "Notre-Dame". Vers le XIIIe siècle, lorsque les étudiants avaient déjà fait leur apparence à Montpellier, elle reçut le nom "Notre-Dame-des-Tables", en honneur des tables des changeurs de monnaie établies autour d'elle.

Tout était pour le mieux. Les nouveaux docteurs faisaient leur fête, les gouvernements changeaient, les consuls commençaient à fréquenter l'église, les changeurs trouvaient leur compte - jusqu'à ce que les guerres de religions arrivent et, avec elles, les grandes destructions à Montpellier. Mais d'abord, Notre-Dame-des-Tables échappa à la destruction et fut juste transformée en temple appartenant à "l'autre" religion, aux protestants. C'était en 1561. Malheureusement, le groupe catholique n'était pas d'accord et, sept ans plus tard, il préférait détruire l'église au lieu de la voir "détournée".

Celui que regarde l'histoire de Montpellier se rend rapidement compte qu'elle correspond à un jeu éternel de destruction et de reconstruction. L'église Notre-Dame-des-Tables n'en faisait pas exception. Elle fut immédiatement reconstruite, pour, en 1581, être de nouveau victime d'une attaque du côté des protestants.

Comme pour le château de Guilhem, l'histoire de sa nouvelle destruction tourna autour d'une tour. Mais cette fois-ci, ce ne fut pas sa taille qui ne plut pas aux gens au pouvoir. Les protestants eurent tout simplement l'idée de le faire s'écrouler et, avec elle, l'église.

Place Jean Jaurès Et le jeu continua. On n'hésita pas à construire une nouvelle "Notre-Dame-de-Tables", juste pour la voir détruite encore une fois, en 1622, cette fois-ci par Louis XIII lui-même. Nous nous en doutons : l'église fut reconstruite - et détruite de nouveau en 1793. En ce moment-là, ce fut la Révolution et, comme tant d'églises, celle du centre de Montpellier faisait partie de l'image ennemie…

Il fallait attendre 1806 pour que les reconstructions recommencent. Mais maintenant, personne n'avait plus envie d'une église. On préféra profiter de la place centrale pour y planter un marché, les halles aux Colonnes. Et ces halles survécurent pendant cent ans. Ce ne fut qu'au début du 20e siècle, en 1911, que le coût changea et on préféra une place ouverte. Entre-temps, un commerce actif s'était établi autour de la place Jean Jaurès, et on se rendit compte qu'elle était tellement bien située qu'il facilita le passage de la population au point d'épargner la destruction d'autres bâtiments pour permettre le trafic de circuler. La place qui, pendant des siècles, était la scène de destructions se transforma, finalement, en espace ouvert, libre, sauveur d'autres bâtiments qui, sans lui, aurait été condamnés à faire partie de la longue liste des demeures du passé, perdues dans l'histoire de Montpellier.
Photos et texte : copyright Doris Kneller