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lundi 8 mars 2010

Montpellier, ville culturelle, ville de loisir... du Champ de Mars au Café Philo

Peut-on être seul à Montpellier ? - Micro-trottoir

Les bords du Lez, MontpellierMontpellier, ville culturelle, ville des mille événements, où "tous les soirs on n'a qu'à choisir entre les bons spectacles" - peut-on être seul à un tel endroit ?

"Si je me sens seule ?" répète la dame d'une trentaine d'années qui attend le tram au Corum. "Non, vraiment pas. Mais j'aimerais bien être seule, parfois. Avec deux enfants et un travail à plein temps, c'est un bonheur rare."

La dame d'à peu près le même âge qui attend le tram en direction de la place de la Comédie a une autre idée du bonheur. "Seule ? Oui, je suis seule. Cela fait maintenant six mois que je suis à Montpellier, je n'ai personne." - Ne pourrait-elle pas se faire des amis ? - "Comment voulez-vous que je me fasse des amis ? Je ne connais personne, personne ne m'invite. Je ne peux pas demander aux gens dans la rue s'ils veulent être mes amis."

Parler aux gens dans la rue ? L'idée est si séduisante que Les gens de Montpellier la propose à une dame dans la quarantaine qui se promène sur l'Esplanade. La dame hésite. "Demander aux gens dans la rue s'ils veulent être mes amis ?" Puis, elle se met à rire. "Excellent. Pourquoi pas ? Une ville où tout le monde parle à tout le monde... ça serait vraiment la belle vie." Ensuite, elle devient sérieuse. "C'est un beau rêve, mais impossible. Les gens de nos jours ont trop peur. Tout le monde pense que tout le monde serait son ennemi."

place Jean Jaurès à MontpellierAinsi, ne y a-t-il vraiment aucune possibilité de se faire des amis à Montpellier ? "Rien de plus facile", répond une autre dame, elle aussi dans la quarantaine. "Montpellier est une ville très ouverte. Moi-même, je suis ici depuis trois ans. Quand je suis arrivée, j'étais toute seule. Mais j'avais envie de me faire des copains et des copines. Et voilà, je suis arrivée." - Voudrait-elle nous donner sa "recette" ? - "C'est pas difficile. À Montpellier, vous avez tant de manifestations culturelles, des clubs, des rencontres - il suffit de choisir." - Quel genre de manifestation la dame a-t-elle donc choisi pour se faire des amis ? - "J'aime beaucoup parler anglais. Ainsi, je vais, par exemple, à ce qu'on appelle le "café Babel", un échange de langues très convivial. Il a lieu tous les mardis soirs à la Brasserie le Dôme.

Apparemment une bonne adresse. - Le Monsieur d'une cinquantaine d'années qui, seul, prend un café sur une des terrasses de la place de la Comédie en connaît-il d'autres ? - "Si un Montpelliérain peut se sentir seul ? Eh oui, absolument." Il raconte qu'il vit à Montpellier depuis une dizaine d'années, mais qu'il a perdu tous ces amis après sa séparation de sa femme. "Ma femme est partie", dit-il d'un ton amère, "et avec elle tous nos amis." - Ne sort-il pas pour s'en faire d'autres ? - "Où voulez-vous que j'aie ? Tout seul, rien ne fait plaisir. De temps en temps je bois un café sur la Comédie pour regarder ceux qui sont moins seuls que moi."

Un autre Monsieur, un peu moins âgé, a de bons conseils à donner. "Seul à Montpellier ? Non, y a assez de choses à faire. Allez au café philo ou aux conférences, par exemple les mercredis à l'Agora des Savoirs. Ou achetez la Gazette. Elle ne coûte pas cher et vous y trouvez toutes les sorties de la semaine."

Et les étudiants ? "Se sentir seul à Montpellier ?" répond une jeune dame d'à peine vingt ans. "Je pense que c'est impossible. Sauf si vous avez vraiment envie d'être seul." - Un étudiant a-t-il donc tant de possibilités de se faire des amis ? - "Pas seulement un étudiant, tout le monde. Ne connaissez-vous pas, OVS, je veux dire On va sortir ? C'est un site Internet où tout le monde peut publier ses idées de sortie, et tout le monde peut participer. Il y a des randonnées, des sorties en boîte, des sorties au ciné, au restaurant, boire un verre, faire la fête,... pour tous les âges. Il n'y a rien que vous pouvez pas faire avec OVS, et tout le monde peut y trouver des amis."

Montpellier, l'Ecusson"Seule à Montpellier ?" La dame d'une trentaine d'années sourit. "Au début, peut-être, oui. Mais plus tard, j'y ai rencontré mon mari. Maintenant, on est heureux à Montpellier." - Où a-t-elle rencontré son mari ? - Elle rit. "L'histoire est un peu absurde. C'était un dimanche, et je me suis promenée dans le petit parc à côté de l'Esplanade." - Elle parle du Champ de Mars. - "Là, j'ai vu trois enfants qui ont joué avec un petit chien ou, plutôt, qui ont torturé le petit. Je ne peux pas voir des animaux qui souffrent. Je les ai donc engueulés, et ils ont lâché le chien. Mon mari était assis sur un banc, et il a tout vu. Quand les enfants étaient partis, il s'est levé pour me dire que j'aurais bien agi. Ensuite, il m'a invité à prendre un verre. C'est comme ça qu'on s'est connus - un dimanche au centre de Montpellier."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

lundi 1 mars 2010

Peyrou et le Champ de Mars : Montpellier, les Montpelliérains et leurs plans d'eau

Montpellier, aqueducLe beau et l'utile - Montpellier, une histoire d'eau

Lorsque, ces jours-ci, il pleut à Montpellier, il y a des gens qui ne sont pas contents. Il n'y a pas si longtemps, par contre, chaque goutte d'eau tombée du ciel a été accueillie avec joie. Montpellier et sa pénurie d'eau, ceci est toute une histoire...

Pourtant, les Montpelliérains et leurs maires avaient toujours de bonnes idées... et ils ont réussi à transformer le besoin en beauté. Ainsi, Montpellier n'a pas seulement atteint son projet des 100 fontaines - un projet d'abord rêvé, plus tard planifié pendant des années - mais une multitude de plans d'eau.

Un des plus anciens est le plan d'eau du Peyrou. Il fait partie du château d'eau, construit en 1768 et lié à l'aqueduc qui mène vers Saint Clément de Rivière. Comme tous les châteaux d'eau, aussi celui du Peyrou servait comme réservoir et bassin de distribution de l'eau. L'idée était de distribuer l'eau sans pression - on n'avait évidemment pas encore l'habitude des pompes électriques.

Montpellier, PeyrouEt quel endroit à Montpellier aurait été mieux placé que le Peyrou pour construire un tel château d'eau ? Louis XIV savait très bien où il plaçait sa statue - et Louis XIII savait très bien où il fallait stationner ses troupes pour bombarder la ville : au point culminant de la ville.

Ainsi, le Peyrou, le jardin aménagé à l'honneur du roi qui, d'abord, a été considéré comme ennemie de Montpellier, n'est pas seulement un endroit de plaisir pour les rois et, aujourd'hui, les Montpelliérains, mais aussi un lieu stratégique pour la distribution de l'eau.

Un autre plan d'eau bien connu et aimé par les Montpelliérains est celui du Champ de Mars, le petit parc juste à côté de l'Esplanade. Si on regarde les jardins ou parcs "classiques" de Montpellier, on se rend compte qu'il n'y a pas un seul sans pièce d'eau. Et il est clair qu'un paysagiste de la qualité et du professionnalisme d'un Édouard André n'y aurait pas renoncé.

Champ de Mars, MontpellierToutefois, même si Édouard André n'avait pas eu envie d'orner le Champ de Mars d'un plan d'eau, les Montpelliérains l'y auraient probablement obligé - car, pour quelqu'un qui vit dans une ville méditerranéenne, il est difficile d'oublier la valeur de l'eau. Ainsi, le Champ de Mars n'a pas seulement été doté d'un petit lac, mais aussi d'une fontaine. Il y a longtemps que les ingénieurs ont constaté que chaque fontaine aide à distribuer d'une façon plus équilibrée l'eau issue de la nappe phréatique. Un plan d'eau associé à une telle fontaine est idéal pour, en plus, stocker le liquide précieux. Ainsi, la fontaine et la pièce d'eau du Champ de Mars lient l'utile au beau...

Photos et texte : copyright Doris Kneller

dimanche 7 février 2010

Montpellier, place de la Comédie : le théâtre, rue de Verdun, rue de la Loge...

L'histoire de Montpellier : la place de la Comédie

Montpellier, la ComédieQui connaît la "place d'Armes" à Montpellier ? - Probablement personne. Car aujourd'hui, elle s'appelle… place de la Comédie.

Le mot "armes" fut prononcé à Montpellier beaucoup trop souvent. Tant de fois, l'histoire condamna Montpellier à prendre des armes. Mais bien que, de nos jours, les Montpelliérains n'aient plus besoin de se battre contre des rois qui amènent des armées pour détruire ou occuper la ville, il reste des traces de ces jours déplorables en forme des noms des rues ou des places. Le champ de Mars, jadis une place militaire, aujourd'hui un parc charmant, en est un des exemples les plus connus.

Ce fut un homme des armes ou, plutôt, un "ingénieur royal militaire" qui changea la destinée de la place de la Comédie. Car bien que Jacques Philippe Mareschal était au service du roi et de la guerre, il se sentait plutôt attiré par les arts. Ainsi, en 1753, il présenta aux Montpelliérains les plans d'un théâtre - du premier "véritable" théâtre de Montpellier.

Ce théâtre, rapidement apprécié par les Montpelliérains, fut appelé salle de spectacle ou, souvent, salle de concert. Ainsi, la place d'Armes - la place où le nouveau théâtre fut construit - se transforma en "place de la Salle de Spectacle".

Montpellier et sa ComédieJacques Philippe Mareschal n'eut pas de chance avec ses bâtiments à Montpellier. Son théâtre fut proie des flammes en 1881, à peine 26 ans après son inauguration, et le deuxième édifice qu'il construit pour Montpellier, l'hôpital militaire Saint-Louis, fut démoli en 1994.

Après l'incendie qui détruisit le théâtre conçu par Jacques Philippe Mareschal, les Montpelliérains en construisirent un autre, plus grand et plus beau. Et, petit à petit, suivant la mode du temps et des spectacles, on prit l'habitude de ne plus parler de la place de la Salle du Spectacle, mais de la place de la Comédie.

Au cours des années, d'autres occupations pacifiques montrèrent bien que l'époque de la "place d'Armes" était révolue. Les cafés prirent possession de la place de la Comédie, et plus rien ne rappela l'ancienne présence du militaire. Là où, aujourd'hui, ce trouve le "Monoprix", les Montpelliérains pouvaient profiter du soleil hivernal - et de l'ombre estivale - sur les terrasses des cafés. Le "Café de France et du Musée" et le "Café de Montpellier" coexistaient tranquillement l'un à côté de l'autre, avant de rendre la place au commerce.

Montpellier, les Montpelliérain et la ComédieToutefois, au 12e siècle, cet emplacement fut moins tranquille. À ce moment, il fut occupé par l'Hôpital Saint Éloi qui accueillit beaucoup des blessés des diverses guerres qui faisaient rage autour et à l'intérieur de Montpellier. À l'époque, on disait que ce côté de la place de la Comédie - ou, à ce moment, plutôt de la place d'Armes - fut le plus "salubre" du coin. Selon les anciens plans, l'hôpital Saint Éloi était entouré d'arbres fruitiers qui fournissaient la nourriture saine et qui donnaient de l'ombre.

Mais, après la destruction de l'hôpital, avant de vendre le terrain aux propriétaires des cafés, il fut, pour quelques années, destiné à un autre objectif : la nourriture. Comme la terre, à l'époque de l'hôpital, avait donné tant de bons fruits à l'hôpital de Saint Éloi, on profita de la qualité de l'endroit pour y créer un jardin potager.

La rue qui, de nos jours, longe le Monoprix, la rue de Verdun, exista déjà à cette époque. Elle menait à un cimetière et au couvent des Frères mineurs. Ce couvent, comme tant d'édifices voués à la religion, fut détruit au cours des guerres entre le roi catholique et les protestants, et ses matériaux furent utilisés par les Calvinistes montpelliérains pour barrer le chemin aux ennemis.

En face, la rue de la Loge existait déjà au 13e siècle. Elle menait à une porte qui, elle aussi, eut une "vie" assez turbulente. D'abord, elle fut nommée "Porte de Latte", mais pendant la révolution, où toute dénomination fut revue, elle devint la "Porte de la Mer". En 1829, enfin, on la démolit pour la reconstruire au boulevard Victor Hugo. Mais, comme la plupart des bâtiments de l'époque, elle ne survit pas longtemps : elle fut définitivement détruit l'année même de sa reconstruction.

Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 4 février 2010

Camille Ernst, adjoint du préfet de Montpellier

Les espaces verts de Montpellier : le futur square Camille Ernst

Montpellier, le Peyrou
Espaces verts à Montpellier : le Peyrou
Parfois, il est bien de nous rappeler, combien de grands hommes et femmes marchèrent dans les rues de Montpellier - des hommes grands dans ce qu'ils faisaient, grands dans leur esprit. Et parfois, des hommes qui montraient un courage incroyable. Étaient-ils vraiment si courageux ou fut-ce la situation qui les fit grandir ?

Finalement, peu importe. Ce qui reste de ces Montpelliérains - par naissance ou par "adoption" - c'est leurs actions. Camille Ernst était un de ces hommes. Et c'est la mairie de Montpellier qui, ces jours-ci, nous rappelle ce personnage dont le courage était sans mesure : lorsque, à l'avenir, les Montpelliérains se promèneront sur le square à l'angle de la rue du 81ème régiment d'infanterie et l'Avenue de Castelnau, ils fouleront un petit bout de terre consacré à Camille Ernst - le square Camille Ernst sera "baptisé" dans les prochains jours.

Mais cette petite place n'est pas la première à Montpellier à être dédiée à Camille Ernst. Déjà en 2008, lorsqu'on avait décidé de donner une nouvelle dénomination à la cour d'honneur de la préfecture de Montpellier, on pensa à cet ancien adjoint du préfet de l'Hérault. Lors du baptême de la cour, Cyrille Schott, préfet de l'Hérault au moment de l'acte festif, dévoila une plaque commémorative, sur laquelle on peut lire : "Camille Ernst (1900-1983), préfet de la République, secrétaire général de la préfecture de l'Hérault (1940-1943), déporté et résistant, Juste parmi les Nations".

Champ de Mars, Montpellier
Espaces verts à Montpellier : le Champ de Mars
Qui était ce "Juste parmi les Nations", un titre qui lui fut conféré par Yad Vashem, l'association du Mémorial du souvenir de la déportation, située à Tel Aviv en Israël ? - Déjà, le titre nous révèle qu'il faisait partie de ceux qui risquèrent leur vie, sans en tirer le moindre profit, pour sauver les vies des autres. Les "Justes parmi les Nations" sont des hommes et des femmes qui protégèrent des juifs des champs de concentration. Et cela sans être juifs eux-mêmes.

Nous ne savons pas où Camille Ernst trouva son courage. Peut-être était-il un homme courageux par nature. Peut-être fut-ce la situation qui forma son caractère. Mais peut-être fut-ce juste la colère provoquée par l'agressivité et l'injustice...

Imaginons la situation. Camille Ernst fut secrétaire de la préfecture de la Meuse en 1939. La chasse aux juifs battait son plein. Mais tandis qu'une partie de la population française réussit peut-être de fermer les yeux, les préfets n'avaient pas de choix. En zone occupée, la tâche de dresser des listes des juifs destinés aux champs de concentration revenait à eux.

Jardins à Montpellier
Les jardins de Montpellier
Certains préfets étaient très zélés et faisaient tout pour plaire aux Allemands. Ils dressaient les listes demandées et envoyaient la police pour arrêter des familles entières, sachant qu'elles étaient vouées à la mort. Le plus zélé parmi les zélés était Maurice Papon qui n'attendait même pas les ordres des Allemands, mais prit lui-même l'initiative d'envoyer des centaines de Juifs français à la mort.

Camille Ernst, par contre, fit partie des préfets qui résistèrent à l'autorité. Lorsqu'il était obligé de dresser une liste, il envoya immédiatement un policier fiable aux juifs qui y figurèrent pour les prévenir et les aider à s'enfuir. Mais il allait encore plus loin : il boycotta activement les stocks de ravitaillement des entreprises qui travaillaient pour les occupants. Il est clair qu'à la long, il fut pris. En 1940, il fut condamné à dix jours de prison et on l'expulsa de la zone occupée - après, évidemment, avoir confisqué tous ces biens. Jusqu'à maintenant, la vie de Camille Ernst ne fut pas en danger, mais il était devenu pauvre.

Toutefois, il avait la possibilité de poursuivre sa carrière. Peu après son expulsion, il fut nommé adjoint du préfet à Montpellier. Mais au lieu - comme la "sagesse" l'aurait peut-être conseillé - de se tenir tranquille, Camille Ernst continua ses activités clandestines. Il sauvait deux rabbins et alla jusqu'à organiser la survie des enfants de la zone occupée : il les fit venir dans l'Hérault où il les confia à des familles prêtes à aider. En 1942, au moment où toute la France fut occupée, il créa un foyer d'accueil pour les juifs étrangers à Millau. Mais il militait aussi à d'autres niveaux : il cachait, par exemple, des armes pour les livrer aux résistants.

Le nombre des vies qu'il sauva n'est probablement pas connu. Un jour, il alla plus loin que le sens de la sécurité l'aurait conseillé, et il n'arriva plus à cacher ses activités. Il est clair que de plus en plus de personnes étaient informées de ses actes de résistance, et que de plus en plus de juifs en détresse s'adressèrent à lui. Son "destin" s'appela Malka Shapira, une femme dont le fiancé avait été arrêté et qui chercha de l'aide auprès de Camille Ernst.

Finalement, il fut déporté à Dachau dont il revint en 1945. Il avait survécu le camp de concentration, mais sa santé était ruinée pour toujours. Il aurait dit d'être retourné de l'enfer.

D'autres articles sur des espaces verts à Montpellier :
Montpellier et ses parcs : le Jardin du Champ de Mars
Montpellier et son Esplanade : Édouard André et les espaces verts
Les jardins de Montpellier : le Square Planchon
Photos et texte : copyright Doris Kneller

mercredi 3 février 2010

Parc Méric, Champ de Mars ou Bassin Jacques Cœur : Montpellier, le dimanche

Que faire à Montpellier un week-end ensoleillé ? - Micro-trottoir

Montpellier Peyrou"Un week-end ensoleillé à Montpellier - comment je le passe ?" La dame ne réfléchit pas longtemps : "Je vais à la mer. Montpellier est une ville à côté de la Méditerranée - faut en profiter." - Même en hiver ? - "Bien sûr. En été, je vais me baigner et en hiver, je me promène à la plage."

Toutefois, Montpellier a d'autres activités à proposer que la mer. "Quand il fait beau, le dimanche, je vais au zoo avec mes enfants. Ça leur plaît, ils sont dehors, respirent de bon air, et ils peuvent bouger." La jeune mère parle du Parc Zoologique Henri de Lunaret. - Est-ce un lieu de loisir uniquement pour les enfants ? - "Ah non, absolument pas. Moi aussi, je me régale chaque fois qu'on y va. J'aime le parc et ses installations. On peut observer les animaux sans avoir l'impression qu'ils sont enfermés. Ils ont tous l'air de se sentir bien. Enfin, je trouve."

"Traîner en ville", est la réponse d'une étudiante. "J'adore traîner en ville, le week-end. M'asseoir dans un café sur la place de la Canourgue, rêver, me promener, regarder des gens. Ou me faire accompagner par une copine et jeter un coup d'œil sur les boutiques. Si mon copain est là, on se promène ensemble, sur l'Esplanade. Souvent, on passe par la rue de l'Aiguillerie ou on prend un vers sur la place Jean Jaurès."

Le Peyrou à Montpellier"Les dimanches ensoleillés ? On fait le pique-nique au Jardin du Champ de Mars. En hiver, on reste au soleil, en été, on cherche l'ombre sous les grands arbres. C'est plus beau qu'aller au restau. Et la nourriture est plus saine." Le Monsieur sourit avant d'ajouter : "Et elle a plus de goût, puisque c'est ma femme qui la prépare."

Le Jardin du Champ de Mars est aussi l'endroit où un autre Monsieur, dans la soixantaine, aime passer ses dimanches. "Je suis souvent seul, vous savez ? L'après-midi, je vais alors au parc. J'aime observer les canards, mais aussi les enfants qui y jouent. Parfois, il y a des familles qui se disputent, et je me dis qu'elles ne connaissent pas la chance qu'ils ont d'être ensemble…

"Quand je reste à Montpellier le week-end ? Voyons." Le jeune homme part souvent le week-end pour visiter des amis près de Marseille. "Ma copine aime bien le Jardin des Plantes. Et moi aussi", ajoute-t-il rapidement. "Surtout le petit point d'eau, avec les Nénuphars. On s'allonge dans l'herbe, et on est bien. Mais parfois, il vaut mieux y aller en semaine, si on a le temps. Parce que le dimanche, il y a souvent des familles avec des enfants qui se querellent et des parents qui les grondent. Tout ça peut faire beaucoup de bruit.

"Je donne rendez-vous à mes amis au Bassin Jacques Cœur et puis, on marche le long du Lez.", raconte une femme d'une trentaine d'années. "On ne court pas - on n'est pas des sportifs - mais on marche à un bon rythme. Ça permet de bien respirer et de perdre un peu de la graisse accumuler pendant la semaine. À la fin, on prend un pot dans un des cafés au Bassin Jacques Cœur."

Bassin Jacques Coeur"Marcher" correspond aussi à la philosophie d'un homme d'environ cinquante ans. Mais il préfère le Parc Méric. "Il y a peu des villes du sud de la France qui ont un parc tellement beau. Il est magnifique. Et le champ de coquelicots, je suis sûr qu'il est absolument unique. Et", il lève la main comme s'il voulait être certain qu'on l'écoute attentivement, "saviez-vous qui a habité dans ce parc ? - Frédéric Bazille lui-même !"

"Faire du vélo", est la réponse très décidée d'une jeune femme. "Par exemple le long du Lez. Ou autour du zoo. Il y a des chemins très beaux dans ce coin, mais peu connus. Comme ça, il y a toujours très peu de monde."

L'idée de faire du sport est assez fréquente. "On va au stade chaque samedi, sauf s'il pleut," explique une femme dans la cinquantaine, "avec mon mari. Et on court au moins une heure. Après, on se sent prêts à attaquer la semaine…" Une jeune dame préfère "faire du gym en plein air", et un homme tourne cinq fois autour du centre ville "avec mon vélo, chaque week-end, mais uniquement quand il fait beau". Mais il n'est pas nécessaire de courir vite : "Je me promène avec mon mari", dit une femme d'environ soixante ans. On va au Peyrou ou au Jardin des Plantes ou on prend un thé au Polygone et se promène ensuite à l'Antigone."

D'autres Montpelliérains sont plutôt studieux. "Les dimanches, je vais à la Médiathèque Émile Zola. Lorsqu'il fait beau, je prends un livre, je vais au deuxième étage et je prends le soleil", raconte un étudiant. Une dame dans la trentaine préfère lire au Peyrou. "On y est tranquille. Je m'assoie sur une banque ou je m'allonge dans l'herbe, et je lis. J'aime ça. Je me détente et je me sens bien. Le soir, après une journée au Peyrou, je vais souvent en boîte, avec mes copains, et je tiens bien parce que je suis bien reposée."

Certains, par contre, ne regardent pas la météo pour planifier leurs dimanches : "Musée Fabre", dit une dame d'environ quarante ans. "Le dimanche, je vais toujours au Musée Fabre. Je suis membre des 'Amis du Musée Fabre'. Mais les dimanches où s'est gratuit, j'y vais rarement. Ces week-ends-là, j'y vais plutôt le dimanche ou le vendredi." - Elle va au musée même s'il fait très beau. - "Mais oui. J'adore les tableaux, et comme il fait toujours beau à Montpellier, je ne vais pas attendre la pluie pour aller au musée."

Photos et texte : copyright Doris Kneller

jeudi 28 janvier 2010

Pagézy, Bülher et le Square Planchon à Montpellier

Les jardins de Montpellier : un maire nommé Pagézy et le Square Planchon

Square Planchon, gare de MontpellierFaut-il encore souligner qu'à Montpellier, on s'adresse toujours aux meilleurs lorsqu'il est question d'aménager une partie de la ville ? Dans le cas du Square Planchon, la commande fut donnée à un des meilleurs paysagistes parisiens de son époque.

On est en 1857. Depuis cinq an, la politique à Montpellier suit une nouvelle voie : Jules Pagézy, ce Montpelliérain protégé par Napoléon III fut élu maire. Pour le moment, il n'y a pas encore question d'aménager le square qui, plus tard, devrait hériter du nom de Jules Émile Planchon. D'abord, il faut acquérir le terrain.

La municipalité décide donc d'acheter le terrain autour de la gare, entre la rue de la République et la rue Maguelone - enfin, la voie qui, l'année suivante, devrait devenir la rue Maguelone. Car, en ce moment, elle ne fut pas encore construite. Ce terrain fut évidemment très important pour ce maire qui avait décidé d'introduire à Montpellier l'esprit parisien de Haussmann et de changer la face de la ville. C'est donc à Jules Pagézy que nous ne devons pas seulement la rue Maguelone, mais aussi la rue Foch, la rue Saint-Guilhem et la rue de la Loge. Il acheva l'aqueduc de Saint-Clément et le réservoir d'eau au Peyrou. Il fit aussi construire les halles Castellane, et il s'attaqua même au cœur profond de la ville, à l'Écusson, pour "l'aérer" un peu.

Square Planchon, MontpellierToutefois, aux yeux des Montpelliérains, sa création du Square Planchon devrait être son acte le plus impressionnant : car la rue qu'on lui à dédiée, la rue Pagézy, longe les fameux square.

Lorsque les terres devant la gare étaient en possession de la marie, il fallait donc trouver un paysagiste. Jules Pagézy et son équipe choisirent Eugène Bülher qui, avec son frère, devraient laisser quelques traces bien fréquentées derrière lui : qui ne connaîtrait pas le Bois de Boulogne à Paris ? Ou le Parc de la Tête d'Or à Lyon ? Ou le Plateau des Poètes à Béziers ?

Curieusement, les biographies d'Eugène Bülher ne parlent que très rarement de ce Square Planchon à Montpellier. Mais il est sûr que les frères paysagistes y investirent autant d'amour et de savoir faire que dans leur aménagement du Bois de Boulogne. Déjà, les arbres de se square en sont les premiers témoins : les Bülher y plantaient des platanes, des marronniers, des érables et même un cèdre du Liban. Et pour combler leur œuvre, ils y ajoutèrent un Ginkgo Biloba, cet arbre de longue vie qui fut également intégré dans le jardin du Champ de Mars et qui, à l'époque, fut la marque de toutes les villes qui avaient eu leur part dans le comptoir des Indes…

Ce qui, à l'époque, attira le plus de gens, c'était son plan d'eau et ses cygnes et canards. Nous pouvons bien imaginer les voyageurs qui arrivèrent à la gare de Montpellier pour, avant de pénétrer dans la ville, se reposer sur une banque au Square Planchon, observant le jeu des oiseaux. Ou les employés des bureaux ou du grand magasin - aujourd'hui disparu - de la rue de Maguelone qui, le midi, y cassèrent la croûte, se délassèrent au soleil , rêvèrent et se racontèrent des histoires avec leurs collègues...

Montpellier, gareLes employés qui cassent la croûte et les voyageurs qui se reposent au Square Planchon sont toujours là. Le plan d'eau et, avec lui, les oiseaux, par contre, furent victime de guerre, car, comme si souvent au cours de l'histoire montpelliéraine, la résistance et la défense furent plus importantes que les témoins d'un patrimoine ancien. Ainsi, lorsque les besoins de la deuxième guerre mondiale exigèrent un abri militaire, on pensa au Square Planchon, et on le dédia au stockage de sacs de sable. Qui dit sable dit absence d'eau - le plan d'eau fut donc tout simplement vidé.

Pour qu'un square entouré du trafic du 19e siècle soit bien délimité, on avait aussi besoin d'une clôture. Il va de soi qu'il ne fut pas question d'une clôture "quelconque" - Pagézy, le maire de Montpellier, exigea le meilleur pour tout. On demanda donc à Léon Servel, un serrurier connu, de fabriquer une clôture de fer forgé qui mesura plus de 280 mètres. Toutefois, elle aussi a disparu. Mais cette fois-ci, ce n'était pas les contraintes d'une guerre mais celles de l'économie : la clôture fut démontée en 1975. Toutefois, pour qu'elle ne disparaisse pas complètement, on en posa une partie au parc Rimbaud au bord du Lez, et un deuxième morceau forme part de l'entrée du zoo du Lunaret.

Et pour la petite histoire : peu de choses se perdent complètement à Montpellier. Pour que les frais du Square Planchon pèsent moins lourds sur le budget du conseil municipal, Eugène Bülher fit quelques économies en réutilisant d'anciens matériaux : quelques-uns des pierres qui furent utilisées pour la construction du Square parvenaient de la poissonnerie qui dut céder aux halles Castellane.

Ce qui ne céda pas, par contre, c'est le grand rocher au milieu du Square Planchon. Et la réputation de Jules-Émile Planchon ne céda pas non plus, ce sauveur de notre vin à qui le Square fut dédié. Mais le rocher et Monsieur Planchon, ce sont des histoires à part…

Autres articles sur les jardins de Montpellier :
Montpellier et son Jardin des Plantes : de Young à Valéry
Montpellier et ses parcs : le Jardin du Champ de Mars
&Eacoute;douard André et l'Esplanade de Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller