Montpellier et ses demeures : le Palais de Justice de la rue Foch
Son œuvre porte des titres comme "Thésée vainqueur du Minotaure", "Première pensée d'Amour" ou "La vendange". D'habitude, il réalisa des portraits des gens illustrés comme le pape Pie IX ou des sculptures religieuses. À son époque, on adora et on rémunéra son travail. Il fut soutenu par la ville d'Aix-en-Provence et protégé par le comte de Forbin, un de ces grands qui pouvaient se payer tout ce qui était beau et à la mode. - Pour Montpellier, par contre, Marius Ramus fit autre chose. C'est lui qui, en 1853, sculpta le fronton en haut relief qui proclame à tout les braves et les malfaisants : "La justice protégeant l'innocence et dévoilant le crime".
Où se fronton pourrait-il être mieux placé que sur la colonnade centrale d'un Palais de Justice ? D'un Palais de Justice qui, bien que reconstruite au milieu du 19e siècle, est un bâtiment lourd d'histoire...
Au moment de l'inauguration du nouveau Palais de Justice, les invités pensèrent peut-être à cette déesse aveugle censée protéger l'innocence, mais probablement pas à la lourdeur de l'histoire. Car qui, en un moment de prospérité, aurait envie de penser à des querelles lesquelles, dans ce siècle-là, semblèrent déjà si loin ? On est dans une ère prospère, la viticulture fleurit et paie aux Montpelliérains ce qui, plus tard, sera appelé un "nouvel essor architectural". On construit. On construit de nouvelles églises, Saint Roch et Sainte Anne, on construit une nouvelle gare, l'Opéra-Comédie et, bien sûr, un nouveau Palais de Justice voué, comme l'était déjà ses prédécesseurs, à un usage noble et, bien sûr, juste.
La querelle qui mena à la destruction du premier bâtiment construit à cet emplacement venaient des nobles, mais ne fut pas noble pour autant. C'était Guilhem VII, de la fameuse dynastie des Guilhem, seigneurs de Montpellier, qui avait décidé qu'il lui fallait un deuxième château en ville. À sa mort en 1173, son fils Guilhem VIII en hérite et, 23 ans plus tard, il eut l'idée de faire d'une pierre deux coups et de l'intégrer en tant que forteresse dans la défense de la ville. Or, cela ne plut pas aux consuls. Ou, plutôt, ce qui ne leur plaisait pas, ce n'était pas le renforcement de la défense de Montpellier, mais la tour du château - elle était tout simplement trop grande pour appartenir à la propriété d'un simple seigneur de province.
On discute, on se dispute et, finalement, en 1206, le château fut abattu. Heureusement pour Guilhem VII, cette tâche bien lourde n'incomba plus à lui ni à son fils, mais à son arrière-petite-fille Marie de Montpellier qui, comme montrera la réaction de Jacques 1er, le fils de Marie, en était bien triste.
Jacques 1er, le Conquérant, le Jaume I el Conqueridor des Catalans, ceci fut "autre chose". Là, on n'avait plus affaire à un des petits seigneurs de province, mais à l'héritier de la couronne d'Aragon. Au cours de sa vie, il sera compte de Barcelone, roi d'Aragon et de Valence, et pour ces fils, il créera le royaume de Majorque qui, de Montpellier, ne fera qu'une bouchée. Finalement, il mourra à Valence en Espagne, mais cela, en ce moment, fut encore loin.
D'abord, il veut venger son arrière-grand-père et son beau palais. Sans demander la permission à personne, il en construit un autre, encore plus beau et encore plus grand que le précédent - un véritable palais royal. Il n'a qu'un seul défaut : le voisinage. Mais il est clair que les habitants d'un tel palais n'ont pas besoin de regarder ce qui se passe autour de leur demeure. Parce que là, juste en face du beau palais se trouvait une petite place que "l'inquisition" de Montpellier avait choisie pour brûler ses sorcières...
Toutefois, personne ne peut tout avoir, et l'Ancien Régime arrive. Le palais est transformé en site de la Cour des Aides Comptes et Finances. En 1577, on ne pense plus à la taille des tours, mais aux différences de religion. En février, un groupe de "réformés" décide d'armer le peuple et, ensemble, on marche contre le palais de Jacques le Conquéreur, où réside en ce moment "l'ennemi", le maréchal Damville, représentant du camp royal et du pouvoir catholique. Leurs revendications furent simples : qu'il vire sa maréchale de Montpellier et rend au peuple les clés de la ville. La dame partit, et le palais fut détruit.
En 1629, on reconstruit de nouveau. Mais les temps changèrent, et il ne fut plus question d'un palais royal : maintenant, on misa plutôt sur un palais de justice. Selon les critiques de l'époque, ce nouveau bâtiment ne fut, de toute manière, pas digne d'un palais royal, mais il fut très approprié à caser la nouvelle prison.
On s'en doute que le nouveau palais fut rapidement victime des prochains conflits. Toutefois, le 19e siècle arrive, avec lui la prospérité de la viticulture et le "nouvel essor architectural". On fait appel à Pierre-Charles Abric qui, en 1833, fut nommé architecte du département. Il dessine le palais de justice de la Rue Foch que nous connaissons aujourd'hui, avec sa colonnade corinthienne et le fameux fronton de Marius Ramus. Autour de la colonnade, l'histoire fit son retour : elle est entourée par les statues du cardinal de Fleury, un ministre fidèle à Louis XV, et de Jacques de Cambacérès, conseiller à la Cour des Aides. Nous retrouvons son nom un peu plus loin, sur la place de la Canourgue, où se tint l'hôtel de sa famille et où l'histoire recommence...
Où se fronton pourrait-il être mieux placé que sur la colonnade centrale d'un Palais de Justice ? D'un Palais de Justice qui, bien que reconstruite au milieu du 19e siècle, est un bâtiment lourd d'histoire...
Au moment de l'inauguration du nouveau Palais de Justice, les invités pensèrent peut-être à cette déesse aveugle censée protéger l'innocence, mais probablement pas à la lourdeur de l'histoire. Car qui, en un moment de prospérité, aurait envie de penser à des querelles lesquelles, dans ce siècle-là, semblèrent déjà si loin ? On est dans une ère prospère, la viticulture fleurit et paie aux Montpelliérains ce qui, plus tard, sera appelé un "nouvel essor architectural". On construit. On construit de nouvelles églises, Saint Roch et Sainte Anne, on construit une nouvelle gare, l'Opéra-Comédie et, bien sûr, un nouveau Palais de Justice voué, comme l'était déjà ses prédécesseurs, à un usage noble et, bien sûr, juste.
La querelle qui mena à la destruction du premier bâtiment construit à cet emplacement venaient des nobles, mais ne fut pas noble pour autant. C'était Guilhem VII, de la fameuse dynastie des Guilhem, seigneurs de Montpellier, qui avait décidé qu'il lui fallait un deuxième château en ville. À sa mort en 1173, son fils Guilhem VIII en hérite et, 23 ans plus tard, il eut l'idée de faire d'une pierre deux coups et de l'intégrer en tant que forteresse dans la défense de la ville. Or, cela ne plut pas aux consuls. Ou, plutôt, ce qui ne leur plaisait pas, ce n'était pas le renforcement de la défense de Montpellier, mais la tour du château - elle était tout simplement trop grande pour appartenir à la propriété d'un simple seigneur de province.
On discute, on se dispute et, finalement, en 1206, le château fut abattu. Heureusement pour Guilhem VII, cette tâche bien lourde n'incomba plus à lui ni à son fils, mais à son arrière-petite-fille Marie de Montpellier qui, comme montrera la réaction de Jacques 1er, le fils de Marie, en était bien triste.
Jacques 1er, le Conquérant, le Jaume I el Conqueridor des Catalans, ceci fut "autre chose". Là, on n'avait plus affaire à un des petits seigneurs de province, mais à l'héritier de la couronne d'Aragon. Au cours de sa vie, il sera compte de Barcelone, roi d'Aragon et de Valence, et pour ces fils, il créera le royaume de Majorque qui, de Montpellier, ne fera qu'une bouchée. Finalement, il mourra à Valence en Espagne, mais cela, en ce moment, fut encore loin.
D'abord, il veut venger son arrière-grand-père et son beau palais. Sans demander la permission à personne, il en construit un autre, encore plus beau et encore plus grand que le précédent - un véritable palais royal. Il n'a qu'un seul défaut : le voisinage. Mais il est clair que les habitants d'un tel palais n'ont pas besoin de regarder ce qui se passe autour de leur demeure. Parce que là, juste en face du beau palais se trouvait une petite place que "l'inquisition" de Montpellier avait choisie pour brûler ses sorcières...
Toutefois, personne ne peut tout avoir, et l'Ancien Régime arrive. Le palais est transformé en site de la Cour des Aides Comptes et Finances. En 1577, on ne pense plus à la taille des tours, mais aux différences de religion. En février, un groupe de "réformés" décide d'armer le peuple et, ensemble, on marche contre le palais de Jacques le Conquéreur, où réside en ce moment "l'ennemi", le maréchal Damville, représentant du camp royal et du pouvoir catholique. Leurs revendications furent simples : qu'il vire sa maréchale de Montpellier et rend au peuple les clés de la ville. La dame partit, et le palais fut détruit.
En 1629, on reconstruit de nouveau. Mais les temps changèrent, et il ne fut plus question d'un palais royal : maintenant, on misa plutôt sur un palais de justice. Selon les critiques de l'époque, ce nouveau bâtiment ne fut, de toute manière, pas digne d'un palais royal, mais il fut très approprié à caser la nouvelle prison.
On s'en doute que le nouveau palais fut rapidement victime des prochains conflits. Toutefois, le 19e siècle arrive, avec lui la prospérité de la viticulture et le "nouvel essor architectural". On fait appel à Pierre-Charles Abric qui, en 1833, fut nommé architecte du département. Il dessine le palais de justice de la Rue Foch que nous connaissons aujourd'hui, avec sa colonnade corinthienne et le fameux fronton de Marius Ramus. Autour de la colonnade, l'histoire fit son retour : elle est entourée par les statues du cardinal de Fleury, un ministre fidèle à Louis XV, et de Jacques de Cambacérès, conseiller à la Cour des Aides. Nous retrouvons son nom un peu plus loin, sur la place de la Canourgue, où se tint l'hôtel de sa famille et où l'histoire recommence...
Photos et texte : copyright Doris Kneller
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire