Jean Moulin - étudiant et employé de préfecture à Montpellier
Il est présent dans la Grand rue Jean Moulin, il est présent dans la préfecture, il est présent à la faculté de droit, on a l'impression de le voir apparaître sur la place de la Comédie, il est présent partout à Montpellier, dans la mémoire et dans les esprits de ceux qui connaissent l'histoire de la ville et qui l'estime - Jean Moulin, un de ces hommes qui ont fait leurs études à Montpellier pour, ensuite, devenir célèbres partout en France et même à l'extérieur du pays... Tout le monde le connaît, tout le monde est fier de lui, de ce préfet le plus jeune de la France, de ce résistant, confident de Général de Gaulle - mais qui se rappelle de ce qu'à Montpellier, il n'était rien qu'un petit étudiant ?
En effet, Jean Moulin quitte son Béziers natal uniquement pour s'inscrire à l'université de Montpellier. Nous ne savons pas si, dès le début, il avait envie d'entamer une carrière administrative, mais il est sûr que, sans les guerres, il aurait sagement poursuivi le chemin commencé à Montpellier. Selon le peu que les biographes relatent de cette jeunesse à la fac de Montpellier, il était un étudiant sans problème. Il faisait ses études sans se faire remarquer.
La seule passion qu'il connaît dans cette phase de la vie, c'est le dessin. Mais il n'y a pas question d'en faire une profession. Son père, professeur d'histoire et de géographie à Béziers, était un républicaine et socialiste engagé, et il attendait de son fils de le suivre.
Mais d'abord, c'est la Première Guerre mondiale qui s'en mêle. Encore avant qu'il puisse finir ses études, il est obligé de joindre un régiment à Montpellier. Mais d'abord, c'est la formation et, heureusement pour le jeune Jean Moulin, la guerre est finie plus rapidement que la formation. De cette manière, son rôle dans cette Grande Guerre n'aurait été que manuel : le militaire l'a employé comme terrassier, menuisier ou téléphoniste, mais il n'a pas été confronté à une véritable bataille.
Jean Moulin retourne alors auprès de ses études de droit et, de nouveau, il est un étudiant sans histoires. Ensuite, il décroche un job à la préfecture de Montpellier, en tant qu'attaché du préfet et, comme il sait se rendre utile, il occupera bientôt la place du chef du cabinet.
Et voilà, sa carrière est lancée - et il quitte Montpellier. Une longue série de postes commence - il est nommé le plus jeune sous-préfet de France, plus tard il devient le plus jeune préfet... Si le dessin et le bon travail pour les diverses préfectures étaient restés ses seules passions, il aurait vécu et serait mort comme employé ou patron de préfectures, dans le service d'abord des Montpelliérains, plus tard d'autres Français.
Mais la deuxième Guerre mondiale arrive et change tout. En 1939, quand la guerre éclate, il est déjà préfet, en ce moment en service à Chartres. Et c'est là où celui qui, jeune étudiant ou employé de préfecture à Montpellier, ne visait jamais plus haut qu'à être agréable à ses supérieurs et aimable envers ses administrés, montre pour la première fois son caractère têtu. Les idées socialistes que son père de Béziers avait plantées dans sa tête prennent le dessus.
Le ministère souhaite qu'il garde sa place comme préfet, mais Jean Moulin n'est pas d'accord : il pose sa candidature à l'école des mitrailleurs. Il veut participer à la guerre. - Toutefois, le ministère est le plus fort, et le jeune préfet est obligé de rester sur place. Mais là, tout à coup, il est confronté à un nouveau phénomène : les réfugiés. Des centaines de réfugiés arrivent à Chartres, et Jean Moulin a trouvé son nouvel objectif... il devient le défenseur des réfugiés.
Mais cela ne plaît évidemment pas à l'occupant allemand. On essaie de le soumettre à la pression politique, à "apprivoiser" ce préfet qui avait entamé sa carrière comme homme discipliné et obéissant. Toutefois, ce trait de caractère appartient définitivement au passé : Jean Moulin s'oppose. Il s'oppose au ministère, il s'oppose à l'occupant allemand, il a ses convictions, et il leur reste fidèle. Et c'est le "déshonneur". Le plus jeune préfet de la France se transforme en personne indésirable.
Le déshonneur ne cadre évidemment pas avec sa nouvelle passion, et Jean Moulin, tout simplement, préfère se suicider. Ou, plutôt, il essaie de se trancher la gorge, mais tout ce qui en sorte est une cicatrice - la raison pour laquelle il porte une écharpe sur toutes les photos qui, à partir de ce jour-là, seront prise de lui.
Et Jean Moulin devient "résistant". Il joint le Général de Gaulle à son poste en Angleterre qui le renvoie en France. Pour le gouvernement auprès duquel il est toujours personne indésirable, il devient artiste. Ses talents de dessinateur serviront enfin à quelque chose : sous le couvert d'un artiste un peu marginal, il organise la résistance en France, toujours en collaboration étroite avec Charles de Gaulle.
Ici, l'histoire de l'étudiant montpelliérain s'éloigne de la ville qui, selon lui, était toujours sa patrie. Il rendra de grands services à la France, sera pris et tué par l'ennemi. Selon ce que l'on sait de cette phase de sa vie, il n'est jamais retourné à Montpellier. Ce qu'il aurait fait s'il avait survécu la guerre, personne ne le sait. Peut-être aurait-il changé la vie à Montpellier. De toute manière, les Montpelliérains n'ont jamais oublié ce jeune étudiant sans histoires qui, un jour, devrait devenir si célèbre...
En effet, Jean Moulin quitte son Béziers natal uniquement pour s'inscrire à l'université de Montpellier. Nous ne savons pas si, dès le début, il avait envie d'entamer une carrière administrative, mais il est sûr que, sans les guerres, il aurait sagement poursuivi le chemin commencé à Montpellier. Selon le peu que les biographes relatent de cette jeunesse à la fac de Montpellier, il était un étudiant sans problème. Il faisait ses études sans se faire remarquer.
La seule passion qu'il connaît dans cette phase de la vie, c'est le dessin. Mais il n'y a pas question d'en faire une profession. Son père, professeur d'histoire et de géographie à Béziers, était un républicaine et socialiste engagé, et il attendait de son fils de le suivre.
Mais d'abord, c'est la Première Guerre mondiale qui s'en mêle. Encore avant qu'il puisse finir ses études, il est obligé de joindre un régiment à Montpellier. Mais d'abord, c'est la formation et, heureusement pour le jeune Jean Moulin, la guerre est finie plus rapidement que la formation. De cette manière, son rôle dans cette Grande Guerre n'aurait été que manuel : le militaire l'a employé comme terrassier, menuisier ou téléphoniste, mais il n'a pas été confronté à une véritable bataille.
Jean Moulin retourne alors auprès de ses études de droit et, de nouveau, il est un étudiant sans histoires. Ensuite, il décroche un job à la préfecture de Montpellier, en tant qu'attaché du préfet et, comme il sait se rendre utile, il occupera bientôt la place du chef du cabinet.
Et voilà, sa carrière est lancée - et il quitte Montpellier. Une longue série de postes commence - il est nommé le plus jeune sous-préfet de France, plus tard il devient le plus jeune préfet... Si le dessin et le bon travail pour les diverses préfectures étaient restés ses seules passions, il aurait vécu et serait mort comme employé ou patron de préfectures, dans le service d'abord des Montpelliérains, plus tard d'autres Français.
Mais la deuxième Guerre mondiale arrive et change tout. En 1939, quand la guerre éclate, il est déjà préfet, en ce moment en service à Chartres. Et c'est là où celui qui, jeune étudiant ou employé de préfecture à Montpellier, ne visait jamais plus haut qu'à être agréable à ses supérieurs et aimable envers ses administrés, montre pour la première fois son caractère têtu. Les idées socialistes que son père de Béziers avait plantées dans sa tête prennent le dessus.
Le ministère souhaite qu'il garde sa place comme préfet, mais Jean Moulin n'est pas d'accord : il pose sa candidature à l'école des mitrailleurs. Il veut participer à la guerre. - Toutefois, le ministère est le plus fort, et le jeune préfet est obligé de rester sur place. Mais là, tout à coup, il est confronté à un nouveau phénomène : les réfugiés. Des centaines de réfugiés arrivent à Chartres, et Jean Moulin a trouvé son nouvel objectif... il devient le défenseur des réfugiés.
Mais cela ne plaît évidemment pas à l'occupant allemand. On essaie de le soumettre à la pression politique, à "apprivoiser" ce préfet qui avait entamé sa carrière comme homme discipliné et obéissant. Toutefois, ce trait de caractère appartient définitivement au passé : Jean Moulin s'oppose. Il s'oppose au ministère, il s'oppose à l'occupant allemand, il a ses convictions, et il leur reste fidèle. Et c'est le "déshonneur". Le plus jeune préfet de la France se transforme en personne indésirable.
Le déshonneur ne cadre évidemment pas avec sa nouvelle passion, et Jean Moulin, tout simplement, préfère se suicider. Ou, plutôt, il essaie de se trancher la gorge, mais tout ce qui en sorte est une cicatrice - la raison pour laquelle il porte une écharpe sur toutes les photos qui, à partir de ce jour-là, seront prise de lui.
Et Jean Moulin devient "résistant". Il joint le Général de Gaulle à son poste en Angleterre qui le renvoie en France. Pour le gouvernement auprès duquel il est toujours personne indésirable, il devient artiste. Ses talents de dessinateur serviront enfin à quelque chose : sous le couvert d'un artiste un peu marginal, il organise la résistance en France, toujours en collaboration étroite avec Charles de Gaulle.
Ici, l'histoire de l'étudiant montpelliérain s'éloigne de la ville qui, selon lui, était toujours sa patrie. Il rendra de grands services à la France, sera pris et tué par l'ennemi. Selon ce que l'on sait de cette phase de sa vie, il n'est jamais retourné à Montpellier. Ce qu'il aurait fait s'il avait survécu la guerre, personne ne le sait. Peut-être aurait-il changé la vie à Montpellier. De toute manière, les Montpelliérains n'ont jamais oublié ce jeune étudiant sans histoires qui, un jour, devrait devenir si célèbre...
Photos et texte : copyright Doris Kneller
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