Urbain V, la cathédrale de Montpellier et la guerre contre les Calvinistes
Encore un grand homme qui fit ses études à Montpellier : Guillaume de Grimoard qui, plus tard, devrait être connu sous le nom d'Urbain V, sixième pape d'Avignon. Né à Grizac, au cœur du paysage qui, de nos jours, est devenu le Parc National des Cévennes, ayant passé ses études à Montpellier et mort à Avignon, le pape Urbain V n'a pratiquement jamais quitté le Sud de la France.
Mais bien qu'il n'ait passé que quelques années à Montpellier, son cœur appartenait toujours à cette ville près de la Méditerranée. Ce fut ici qu'il connut les joies d'une vie étudiante, qu'il écrit sa thèse en droit canon - que, probablement, fut fêtée sur la place Jean Jaurès - et qu'il obtint son premier poste comme enseignant.
Bref, Urbain V n'a jamais oublié sa ville de Montpellier. Et pour lui prouver son attachement, il lui offrit une église qui devint la cathédrale Saint-Pierre, au moment où, au 16ème siècle, l'archevêché de Maguelone fut déplacé à Montpellier. Ce fut un certain Bernard de Manse, architecte pontifical, et son collègue Bertrand Nogayrol à qui le pape confia les travaux.
Ainsi, lorsque l'église fut inaugurée en février 1367, les Montpelliérains furent fiers de ce "fils" de leur ville. À cette époque, la religion faisait partie des choses importantes de la vie, mais elle ne provoqua pas encore des querelles - au moins pas en ce moment-là. Les habitants de Montpellier fêtèrent l'événement comme juste les gens du Sud savent fêter... et personne ne pouvait deviner que, moins de 200 ans plus tard, leur cathédrale Saint-Pierre bien aimée sera la scène des batailles sanglantes.
Aujourd'hui, on peut se demander si Urbain V n'aurait pas prévu des événements semblant. Car au contraire de la "mode" de l'époque, l'église censée devenir la cathédrale Saint-Pierre ne fut pas construite dans le style plutôt élégant des églises qui, en même temps, furent érigées ailleurs en France. La cathédrale de Montpellier reçut un air plus "lourd", comme une espèce de forteresse, avec deux tours qui n'ont rien en commun avec la "légèreté" de celles des cathédrales au Nord de la France.
Cet aspect de "forteresse" fut encore renforcé lors de sa reconstruction deux cents ans plus tard. Car en 1561, les Montpelliérains ne réfléchissent plus sur la question, s'il sont fiers du cadeau d'Urbain V ou non. En ce moment-là, ils ne connaissent que l'alternative "ennemi" ou "ami". Cette religion qui,d'ordinaire, proclame l'amour avait réussi à partager Montpellier en deux : les calvinistes qui était majoritaires parmi les Montpelliérains et les "autres", les catholiques, menés par le roi de France, qui n'avaient en tête que détruire la ville remplie d'hérétiques.
Plus tard, la cathédrale Saint-Pierre devrait connaître d'autres jours noirs, d'autres bains de sang, d'autres destructions. Comme tant des bâtiments à Montpellier, elle ne fut pas épargnée pas la révolution en 1789, où les statues des douze apôtres et les armes d'Urbain V furent renversées. Encore plus tard, en 1802, elle devrait même servir d'entrepôt militaire. Mais jusqu'au milieu du 16ème siècle, jusqu'à ce jour fatidique du 20 octobre 1561, elle n'avait connu que l'amour et la fierté des Montpelliérains, peu importe leur religion.
Dans cette fameuse nuit du 20 octobre 1561, quelques ecclésiastiques catholiques avaient eu la mauvaise idée de se réfugier à l'intérieur de la cathédrale Saint-Pierre où ils se croyaient en sécurité de la foule protestante. Cette foule n'avait envie que de massacrer tout ceux qui appartenaient au roi de France, à leur ennemi, qui, par le biais d'une guerre de religion, voulait se procurer les biens et dominer les villes des gens qui ne vénéraient pas son Dieux catholique.
D'abord, les fidèles du roi vainquirent : quelques membres de la foule calvinistes, des habitants de Montpellier, furent massacrés, car les ecclésiastiques n'étaient pas seuls - grâce au roi, ils étaient accompagnés par une troupe de soldats qui, évidemment, ne se laissèrent pas faire. Mais, finalement, la colère de la foule fut plus forte que le courage des soldats, et les Montpelliérains eux-mêmes, c'est-à-dire les calvinistes, pillèrent leur propre cathédrale. Heureusement, les consuls de la ville avaient prévu un tel événement et - bien que protestants eux-mêmes - avaient mis en sécurité le trésor de la cathédrale qui, de cette manière, put être conservé.
Un an plus tard, ce sont encore une fois les Montpelliérains eux-mêmes qui s'attaquent à leur cathédrale dont, deux cents auparavant, à un moment où religion rima à amour plutôt qu'à haine, ils furent si fiers. Car de nouveau, ce sont les calvinistes qui prennent les cloches et les grilles de fer forgé pour en faire des munitions et défendre Montpellier contre les catholiques. Et en 1567, ils placèrent un canon sur la place de la Canourgue et furent tomber les tours de Saint-Pierre.
Au cours des siècles suivants, Montpellier devrait perdre d'autres cloches, d'autres tours et d'autres bâtiments. Mais il fut rare qu'un roi réussisse à provoquer ses habitants au point de s'attaquer à leur propre ville...
"Ces hommes qui ont étudié à Montpellier" dans "Gens de Montpellier"
Jean Moulin - étudiant et employé de préfecture à Montpellier
Pierre Magnol au Jardin des Plantes à Montpellier
Ces grands hommes qui ont étudié à Montpellier
Mais bien qu'il n'ait passé que quelques années à Montpellier, son cœur appartenait toujours à cette ville près de la Méditerranée. Ce fut ici qu'il connut les joies d'une vie étudiante, qu'il écrit sa thèse en droit canon - que, probablement, fut fêtée sur la place Jean Jaurès - et qu'il obtint son premier poste comme enseignant.
Bref, Urbain V n'a jamais oublié sa ville de Montpellier. Et pour lui prouver son attachement, il lui offrit une église qui devint la cathédrale Saint-Pierre, au moment où, au 16ème siècle, l'archevêché de Maguelone fut déplacé à Montpellier. Ce fut un certain Bernard de Manse, architecte pontifical, et son collègue Bertrand Nogayrol à qui le pape confia les travaux.
Ainsi, lorsque l'église fut inaugurée en février 1367, les Montpelliérains furent fiers de ce "fils" de leur ville. À cette époque, la religion faisait partie des choses importantes de la vie, mais elle ne provoqua pas encore des querelles - au moins pas en ce moment-là. Les habitants de Montpellier fêtèrent l'événement comme juste les gens du Sud savent fêter... et personne ne pouvait deviner que, moins de 200 ans plus tard, leur cathédrale Saint-Pierre bien aimée sera la scène des batailles sanglantes.
Aujourd'hui, on peut se demander si Urbain V n'aurait pas prévu des événements semblant. Car au contraire de la "mode" de l'époque, l'église censée devenir la cathédrale Saint-Pierre ne fut pas construite dans le style plutôt élégant des églises qui, en même temps, furent érigées ailleurs en France. La cathédrale de Montpellier reçut un air plus "lourd", comme une espèce de forteresse, avec deux tours qui n'ont rien en commun avec la "légèreté" de celles des cathédrales au Nord de la France.
Cet aspect de "forteresse" fut encore renforcé lors de sa reconstruction deux cents ans plus tard. Car en 1561, les Montpelliérains ne réfléchissent plus sur la question, s'il sont fiers du cadeau d'Urbain V ou non. En ce moment-là, ils ne connaissent que l'alternative "ennemi" ou "ami". Cette religion qui,d'ordinaire, proclame l'amour avait réussi à partager Montpellier en deux : les calvinistes qui était majoritaires parmi les Montpelliérains et les "autres", les catholiques, menés par le roi de France, qui n'avaient en tête que détruire la ville remplie d'hérétiques.
Plus tard, la cathédrale Saint-Pierre devrait connaître d'autres jours noirs, d'autres bains de sang, d'autres destructions. Comme tant des bâtiments à Montpellier, elle ne fut pas épargnée pas la révolution en 1789, où les statues des douze apôtres et les armes d'Urbain V furent renversées. Encore plus tard, en 1802, elle devrait même servir d'entrepôt militaire. Mais jusqu'au milieu du 16ème siècle, jusqu'à ce jour fatidique du 20 octobre 1561, elle n'avait connu que l'amour et la fierté des Montpelliérains, peu importe leur religion.
Dans cette fameuse nuit du 20 octobre 1561, quelques ecclésiastiques catholiques avaient eu la mauvaise idée de se réfugier à l'intérieur de la cathédrale Saint-Pierre où ils se croyaient en sécurité de la foule protestante. Cette foule n'avait envie que de massacrer tout ceux qui appartenaient au roi de France, à leur ennemi, qui, par le biais d'une guerre de religion, voulait se procurer les biens et dominer les villes des gens qui ne vénéraient pas son Dieux catholique.
D'abord, les fidèles du roi vainquirent : quelques membres de la foule calvinistes, des habitants de Montpellier, furent massacrés, car les ecclésiastiques n'étaient pas seuls - grâce au roi, ils étaient accompagnés par une troupe de soldats qui, évidemment, ne se laissèrent pas faire. Mais, finalement, la colère de la foule fut plus forte que le courage des soldats, et les Montpelliérains eux-mêmes, c'est-à-dire les calvinistes, pillèrent leur propre cathédrale. Heureusement, les consuls de la ville avaient prévu un tel événement et - bien que protestants eux-mêmes - avaient mis en sécurité le trésor de la cathédrale qui, de cette manière, put être conservé.
Un an plus tard, ce sont encore une fois les Montpelliérains eux-mêmes qui s'attaquent à leur cathédrale dont, deux cents auparavant, à un moment où religion rima à amour plutôt qu'à haine, ils furent si fiers. Car de nouveau, ce sont les calvinistes qui prennent les cloches et les grilles de fer forgé pour en faire des munitions et défendre Montpellier contre les catholiques. Et en 1567, ils placèrent un canon sur la place de la Canourgue et furent tomber les tours de Saint-Pierre.
Au cours des siècles suivants, Montpellier devrait perdre d'autres cloches, d'autres tours et d'autres bâtiments. Mais il fut rare qu'un roi réussisse à provoquer ses habitants au point de s'attaquer à leur propre ville...
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Ces grands hommes qui ont étudié à Montpellier
Photos et texte : copyright Doris Kneller
La musique adoucit les moeurs, mais pas la religion, c'est sur.
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