vendredi 22 janvier 2010

Montpellier et les Montpelliérains : micro-trottoir
sur TaM

Tous les samedis : grève des trams et des bus
à Montpellier

Le tram au Lez à MontpellierLes Montpelliérains qui, ces jours-ci, ouvrent le site de la TaM, peuvent lire les mots : "Perturbations attendues sur le réseau TaM - l’organisation syndicale CFTC de TaM a déposé un préavis de grève samedi 23 janvier 2010."

Or, il n'est pas rare d'y trouver un tel préavis. Depuis longtemps, cette phrase se renouvelle chaque semaine : chaque samedi, les conducteurs des bus et des trams de Montpellier sont en grève.

"S'ils font la grève, ils ont une raison. À mon avis, ils manquent vraiment des sous", déclare une jeune femme sur la place de la Comédie. Mais : "Personne ne sait vraiment pour quelle raison ils font grève. Ils devraient mieux informer le public. De cette façon, les gens pourraient décider s'ils veulent les soutenir ou pas", ajoute un homme dans la trentaine.

Une dame dans la cinquantaine est du même avis : "Je souffre personnellement du fait de mon habitation éloignée du centre. Mais la France est un pays de liberté jusqu'à aujourd'hui, et le droit de grève fait partie de ces libertés. Je suis donc pour… Mais ce qui m'ennuie, dans le cas des grèves de TaM du samedi, c'est qu'ils n'ont pas assez donné les raisons de ces grèves. Il pourrait y avoir des affiches sur les arrêts de bus et trams pour donner les raisons de ces grèves répétées. Ce qui énerve les gens, ce n'est pas tellement la grève elle-même, mais le manque de transparence des revendications."

Montpellier, tour de la Babotte"On ne connaît même pas la raison de leur grève", renforce une dame d'à peu près le même âge. "J'imagine que c'est pour les sous ou à cause de l'agressivité dont ils sont victime. Il est clair qu'il faut faire quelque chose contre l'agressivité des gens." Et, du même avis, la première dame ajoute : "Si les grèves sont dues au manque de sécurité des chauffeurs de plus en plus agressés ou stressés, je suis avec eux, si c'est pour des problèmes de salaire, je suis aussi avec eux, si elles sont justifiées. Il semblerait que ce soit un peu des deux, en gros : dégradations des conditions de travail."

Un Monsieur dans la quarantaine qui attend le tram au Corum semble bien informé : "De toute manière la grève, si c'est des smicards qui la faisaient, ça serait normal." Et il se fâche un peu :"Le problème c'est que ceux qui font grève sont en général ceux qui gagnent plus de 1500 euros par mois. Si je me rappelle bien, les conducteurs de tram ont un salaire avoisinant les 1400 euros mensuel. Et un autre exemple : le TER à Paris. Les chauffeurs du TER touchent… 2400 euros par mois. Alors, il ne faut pas exagérer. On peu faire un peu de grève, de temps en temps, d'accord, mas pas tout le temps."

Toutefois, la grève touche-t-elle tous les Montpelliérains ? "Le tramway, je ne le prends pas très souvent. Les courtes distances, je les fais à pied. Donc je ne me sens pas concernée.", explique une dame dans la cinquantaine. Et elle n'est pas la seule qui, n'ayant pas besoin des trams, ne réfléchit pas aux soucis de transport de ses concitoyens. "Ça m'est égal", répond une jeune femme, "Je prends pas le tram le samedi." Ou une autre jeune femme : "Ils font la grève ? Je ne savais même pas." Et, interrogée sur ce qu'elle en pense : "Vous savez, ça ne me regarde pas." Ou, un homme dans la trentaine : "Pourquoi ça m'intéresserait ? Je prends jamais le tram." Mais il ajoute : "Ça doit être très embêtant pour ceux qui n'habitent pas le cœur de Montpellier."

Le tram à Montpellier : OdysseumBeaucoup de Montpelliérains sont d'accord avec la réflexion de la dame dans la cinquantaine : "Je comprends qu'ils ont des revendications." Toutefois, elle doute que la forme de cette grève soit idéale : "Mais est-ce la meilleure solution ?", poursuit-elle, "je ne suis pas sûre."

Une autre dame, dans la trentaine, a des réflexions similaires : "Ce qui m'embête, dans cette histoire, c'est que les grèves nuisent toujours à ceux qui n'y sont pour rien."

Mais une grève qui n'est nuisible à personne, serait-elle utile ? "Si une grève doit avoir d'impacte", explique une jeune dame qui, juste, distribue des tractes sur la Comédie parlant de la grève des enseignants, "il faut qu'elle gène des gens. Si elle ne gène personne, elle n'a pas de sens."

"Si les grèves ne gênaient personne, elles n'auraient aucune raison d'être", approuve une dame un peu plus âgée. Et : "Vaut mieux qu'ils fassent grève le samedi quand les gens ne travaillent pas", ou, une dame dans la quarantaine : "Je trouve que l'idée du samedi est bonne : on ne peut pas leur reprocher d'empêcher les élèves d'aller à l'école et les travailleurs au travail." Elle comprend bien les problèmes des grévistes : "Connaissant le coût d'une journée de grève quand on est gréviste, je les soutiens. Car cela commence à durer et cela ne doit pas être facile à tenir."

Mais tout le monde n'est pas d'accord : "Dans la mesure qu'ils ne touchent pas un mauvais salaire, c'est quand même gonflé. On est en crise et il y a des gens qui n'ont rien", critique une dame d'environ vingt ans. Et une dame dans la quarantaine : "Pour ma part, je n'aime pas le vampirisme, sous quelque forme que ce soit...... Tout excès ou prise d'otage ne me paraît jamais approprié."

Une autre dame d'environ 35 ans est contre les grèves. Elle pense aux gens qui sont concernés, mais aussi aux conditions de travail : "Je n'aime pas les grèves, je ne les soutient donc pas. Moi je regarde les engagements que TaM a prononcés à l'égard des usagers. Ce sont eux qui paient le prix de l'insatisfaction des salariés que TaM a recrutés. Cette boîte doit trouver des solutions pour tenir ses engagements, d'abord, puis pour répondre aux attentes de ses salariés."

Et une autre dame, un peu plus âgée, aimerait aller peu loin : "En ce qui me concerne, j'ai souvent été gréviste, avec succès des fois, mais j'ai souvent remarqué que parfois les retombées positives se faisaient longtemps après. Je ne peux pas me permettre de juger les grèves du TaM. Je n'ai pas de tram dans mon quartier, je suis donc obligée de prendre ma voiture, hélas."

Elle aussi déclare de ne pas connaître les raisons de la grève actuelle des tramways et des bus. Cependant : "Il y a des problèmes partout. Pour ma part, je serais volontiers favorable à faire grève illimitée, mais seulement si tout le monde s'y associait et dans tous les domaines. Car quand on voit ce qui se passe dans la haute finance qui fait des profits et se donne des salaires plus qu'indécents alors que des gens sont licenciés avec aucune perspective d'emploi, cela me révolte. Je suis pour des grèves et des manifestations contre toutes ces injustices, contre le nucléaire, ..."
Photos et texte : copyright Doris Kneller

3 commentaires:

  1. Je n'ai pas trouvé d'info dans les médias sur cette grève . C'est dommage qu'ils ne distribuent pas des tracts pour expliquer leur mouvement.
    Ce qui est bien, c'est qu'ils ont choisi le samedi, ce qui gene moins les enfants scolarisés et les gens qui travaillent.

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  2. C'est vrai qu'on ne sait pas pourquoi ils font grève.... Ce n'est quand même pas un métier facile.

    Hier soir j'ai pris le bus pour rentrer chez moi devant la piscine. Il y avait un message qui s'affichait : "trafic légèrement perturbé"... Je ne suis pas sûre que c'était le mot "trafic" (ambigu) qui avait été utilisé. Mais ce qui m'a frappée c'est le "légèrement" qui changeait tout :-)) Ma foi si on fait ce genre de choses avec légèreté, ça passe mieux. Si on dit à quelqu'un tu es légèrement con, c'est tout de même moins vexant que "tu es con" :-)))

    Je ne sais pas quoi penser de ces grèves. J'ai été malade à cause de l'une d'entre elles récemment, ayant dû attendre longuement le bus dans le froid à Odysseum.

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  3. cette grève ennuie les gens qui travaillent le samedi et qui n'ont pas d'autres moyens de locomotion ... et j'en fais partie. C'est une galère sans nom de me rendre au travail le samedi d'autant que maintenant c'est tous les samedi la même chose. on ne sait même pas ce qu'ils revendiquent , beaucoup de gens ont des conditions de travail pourries , beaucoup de gens se font agressés verbalement parfois physiquement sur le lieu de travail , mais on prend sur nous et on fait pas "chier" le monde. C'est le risque d'être au contact de la clientèle. Je pense que la caissière du supermarché, ou le buraliste ou encore l'employé de pressing confirmeraient mes dires... Comme dit plus haut, moi aussi je suis tombée malade pour avoir attendu 45 min le bus un soir où il faisait très froid. J'ai bien envie de faire grève du ticket, après tout je ne vois pas pourquoi on continuerait à payer comme des cons pour un service déplorable tenu par des gens qui se foutent complètement de leur clientèle

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