jeudi 14 janvier 2010

Ces architectes qui construisirent Montpellier

Marius Ramus, Édouard André, Roberto Bofill, Claude Vasconi... et les Montpelliérains

L'Esplanade à MontpellierIl est vrai qu'il n'y a pas de bâtiment public à Montpellier qui aurait été construit par un architecte inconnu. Cela commença déjà en 1367, au moment de l'inauguration de l'église qui, plus tard, devrait devenir la cathédrale Saint-Pierre. Le pape Urbain V qui offrit l'église généreusement à sa ville d'université bien aimée exigea qu'elle soit construite par les meilleurs architectes : il choisit Bernard de Manse et Bertrand Nogayrol, des architectes pontificaux.

Nous savons pas si, à l'époque de Louis XIV, ce fut l'intendant du roi ou les pères de Montpellier qui décidèrent de l'architecte qui devrait construire l'Arc de Triomphe dédié à leur roi. Mais nous savons que, finalement, ce n'était pas un architecte réputé, mais trois architectes réputés qui se mirent à l'œuvre. Le premier fut Français d'Orbay. Il dessina les plans de l'Arc de Triomphe, mais, finalement, il n'avait pas le temps de s'occuper de sa réalisation - il était trop sollicité par le roi qui avait besoin de lui à Versailles. Ce fut donc Augustin-Charles d'Aviler qui réalisa les plans de son collègue. Finalement, un autre artiste - le premier dans la série qui était né à Montpellier - Philippe Bertrand, sculpta les médaillons aux deux côtés de l'Arc de Triomphe.

Cathédrale Saint-Pierre, MontpellierIl va de soi que la fameuse statue de Louis XIV du jardin de Peyrou ne fut pas non plus confiée à un inconnu. Bien que, entre-temps, cette statue de six mètres de hauteur fut remplacée par une autre qui ne mesure que la moitié, le nom de Jules Hardouin-Mansart n'est pas oublié. Il avait deux talents à la fois : il savait dessiner des statues et, en même temps, il était un architecte si réputé qu'il reçut le titre du premier architecte du roi.

Quelques siècles plus tard, en 1853, ce fut Marius Ramus qui avait l'honneur de travailler pour Montpellier - ou les consuls de Montpellier qui avaient l'honneur de voir Marius Ramus œuvrer pour leur ville. On dirait que cet architecte n'avait pas vraiment besoin de la commande de Montpellier - il était le protégé des personnages comme le pape Pie IX ou le comte de Forbin et fut royalement rémunéré pour ses sculptures religieuses. Mais il était d'accord de sculpter le magnifique fronton en haut relief du nouveau Palais de Justice à Montpellier.

Lorsque, en 1900, les Montpelliérains avaient envie d'une promenade comparable aux ramblas en Espagne, il n'était pas non plus question de donner la commande à un architecte "quelconque". Édouard André, né à Nîmes mais, selon la petite histoire, Montpelliérain dans son cœur, était un botaniste sollicité et, en plus, architecte paysagiste. Il faisait partie du mouvement Haussmann, et sa théorie des jardins changea la conception des espaces verts en France et ailleurs. Nous trouvons les traces de son œuvre partout en Europe, dont à Luxembourg et à Paris. Au moment où il accepta alors de s'occuper de la promenade qui devrait devenir l'Esplanade Charles de Gaulle, les Montpelliérains savaient que Montpellier aurait un véritable œuvre d'art de plus.

Montpellier, AntigoneDans les années 80 du dernier siècle, le maire de Montpellier, George Frêche, n'hésita pas à poursuivre la tradition entamée par Urban V et engagea un des meilleurs architectes pour son projet de l'Antigone. Bofill, toutefois, n'était pas seulement un des meilleurs architectes de son époque, il était aussi celui dont on parlait partout. Avec son "Taller de arquitectura" à Barcelone, son fameux Atelier d'architecture révolutionnaire, il ne rencontra peut-être pas l'approbation de tout le monde - en fait, dans l'univers des architectes, ses idées plutôt spectaculaires avaient la réputation d'aspirer au grandiose - mais son nom était connu.

Et l'année 1982 arrive et avec lui, un édifice qui devrait changer la vie culturelle à Montpellier : le Corum. Le choix de son architecte n'était pas difficile : pour le maire de Montpellier, il était clair que juste un "grand prix national d'architecture" fut assez bien pour sa ville. Claude Vasconi savait ce qu'il faisait : il n'était pas un "simple architecte", mais une "institution". Lorsqu'il commanda, on obéit. Il était connu pour sa "grande gueule", il disait ce qu'il avait envie de dire.

Le Corum à Montpellier fut la dernière œuvre de Claude Vasconi. Il avait encore le temps d'assister à son inauguration, le 10 novembre 1990. Un mois plus tard, le 8 décembre, il était mort.
Photos et texte : copyright Doris Kneller

2 commentaires:

  1. On en apprends des choses sur ton blog. Et la nouvelle mairie ? C'est un architecte cubiste ?

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  2. Alain est trop drôle. Je crois que la nouvelle mairie qui n'avance pas à grands pas est l'oeuvre de Jean Nouvel. Rien que ça. Contribuables, à vos porte-monnaie ! Et même les trams, qui ne sont pas des monuments, ont été dessinés par de "grands noms", parfois en faillite mais des grands noms tout de même. Si dis que j'aimerais bien de temps en temps voir des "petits noms" de "petites gens" de chez nous - qui ont sûrement autant de talent et plus de temps - figurer parmi les architectes et autres artistes publics, on va me dire que je veux faire du protectionnisme :-))

    Si je me souviens bien, le fier destrier de Louis le roi Soleil n'a pas d'étriers ! Le créateur a dû se faire étriller !

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